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mardi 23 avril 2024
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Jonathan Mboyo Esole, le mathématicien qui porte haut l’étendard de la RDC

Professeur de mathématiques dans une université américaine, Jonathan Mboyo Esole, né à Kinshasa en 1977, a connu une enfance tourmentée par la maladie. Il a remarquablement surmonté cette période qui n’est plus qu’un souvenir amer et se consacre à la recherche et à l’enseignement, sans pour autant couper les ponts avec son pays natal.  

L’enfance de Jonathan Mboyo Esole, professeur de mathématiques à l’université Northeastern (Boston) depuis 2016, est une succession d’épreuves. Il connaît des difficultés d’expression et un retard de croissance. Sa santé fragile lui attire sarcasmes et allusions perfides.

Rongé un jour par une grave maladie et déclaré cliniquement mort, Mboyo Esole conserve des séquelles de cette période douloureuse, au cours de laquelle il a du mal à se servir de ses mains. De cette époque, qui reste à jamais gravée dans sa mémoire, il tire une grande force intérieure, une grande capacité à affronter les difficultés et à ne pas se laisser abattre par les événements, quelle que soit la tournure qu’ils peuvent prendre.

Les inquiétudes suscitées par la santé fragile de ce garçon pas tout à fait comme les autres appartiennent au passé. Un passé lointain qui néanmoins remonte à la surface dans certaines situations et lui fournit matière à réflexion.

Scolarité belge

Il a à peine 3 ans lorsqu’il débarque en Belgique, où son père prépare une thèse de doctorat en anthropologie. Il y retourne dans les années 90, après une brillante scolarité au collège Boboto, une institution catholique de bonne réputation, située dans le centre de Kinshasa, avec, dans ses valises, son précieux diplôme d’Etat (comparable au bac).

Son parcours à l’Université Libre de Bruxelles se déroule sans accroc. Il remporte le prix du meilleur mémoire lorsqu’il obtient sa licence de mathématiques et la bourse Wiener-Anpach, avant de décrocher un diplôme d’Advanced Studies à Cambridge (Royaume-Uni). Une thèse de doctorat à l’université de Leiden (Pays-Bas) couronne ses efforts.

Les prix s’accumulent. Il gagne le prestigieux Next Einstein Fellow, attribué tous les deux ans, aux jeunes africains qui s’illustrent dans les domaines des sciences et technologies en général. La dernière distinction à tomber dans son escarcelle est le prix Dunia International 2018, décerné à Bruxelles à des personnalités africaines qui se sont distinguées dans leur secteur d’activité et qui peuvent servir d’exemples à la jeunesse. Le célèbre docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, en était précédemment le lauréat.   

Rêve américain

Les portes de la prestigieuse université Harvard (Boston) lui sont ouvertes en 2008, après son arrivée aux Etats-Unis. Il y travaille en qualité de chercheur postdoctoral au département de physique. Il obtient le statut de Benjamin Pierce Fellow dont bénéficient les chercheurs en mathématiques qui sortent du lot. Un statut auquel il a accès après avoir résolu une équation sur la théorie des cordes.

L’un de ses objectifs est d’inciter de plus en plus d’Africains, des femmes notamment, à comprendre le bien-fondé du rôle que pourraient jouer les mathématiques dans le développement du continent.   « J’ai travaillé avec L’Oréal et l’Unesco qui ont mis en place un programme destiné à augmenter le nombre de femmes africaines faisant de la recherche en sciences », explique-t-il. 

Présent sur les réseaux sociaux

Ce natif de Kinshasa, où il se rend régulièrement, n’est pas déconnecté des réalités de son pays natal. Pour preuve, il s’exprime sur les réseaux sociaux sur le climat politique de la RD Congo qui a connu une alternance, pour la première fois de son histoire, en janvier 2019. En effet, Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, a cédé sa place à Félix Tshisekedi, le dirigeant de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), l’un des principaux partis de l’opposition congolaise. Les résultats de l’élection présidentielle, organisée dans une atmosphère délétère et émaillée d’incidents, ont été diversement interprétés. Les uns crient à la tricherie à grande échelle, les autres se montrent circonspects, tout en saluant le départ de Joseph Kabila qui ne pouvait pas briguer un autre mandat. Mboyo Esole, pour sa part, est  dubitatif.  « Ces élections présidentielle, législatives et provinciales soulèvent beaucoup de questions sur l’avenir de notre pays, sur la capacité de nos institutions à survivre à plusieurs cycles d’élections », souligne-t-il.

Projets en faveur de la RDC

Malgré tout, le jeune professeur ne se décourage pas. Il continue à nourrir des projets divers et variés en faveur de la RDC.   « J’ai travaillé avec Malaïka, une organisation à but non lucratif, qui œuvre en faveur de l’éducation des jeunes filles à Lubumbashi. Concernant mon implication dans des projets en RDC, je me focalise notamment sur l’éducation des jeunes filles. Vu l’histoire de notre pays, on doit avoir à l’esprit qu’on a une dette vis-à-vis des femmes congolaises. Elles constituent un potentiel incroyable qui n’est pas utilisé à bon escient », observe-t-il.

Le chercheur a à cœur d’y développer une communauté de scientifiques qui travailleront ensemble, en synergie.  « Si le Congo a un futur, il sera basé sur la capacité de la population à utiliser la science pour qu’on ne soit pas seulement un pays qui offre des ressources naturelles », souligne le quadra. 

Jonathan Mboyo Esole est un passionné de lecture. Il lit quasiment tout ce qui lui tombe sous la main. Les ouvrages sur les mathématiques occupent, tout naturellement, une place centrale dans sa vie. Mais les livres d’histoire, notamment sur l’Afrique centrale, l’intéressent également. Le spécialiste de la théorie des cordes a plusieurs cordes à son arc.

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