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jeudi 25 avril 2024
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Consommer bio, sain et made in RDC, telle est l’offre de KCM

Produits de cueillette ou cultivés, denrées transformées selon les savoir-faire locaux, pour des usages médicinaux, alimentaires et cosmétiques… La tendance bio et made in RDC s’impose de plus en plus dans le pays, notamment à Kinshasa. C’est ce créneau qu’a choisi Betty Niangi, dont la boutique, installée dans un quartier populaire de la commune de Kintambo, propose une gamme variée de plantes et d’articles venant du fin fond des terroirs congolais. Plus qu’un produit, c’est aussi un savoir-faire et une histoire qu’elle offre dans son magasin. Portrait d’une passionnée de nature et de culture.

« Ne tourne pas le dos à ta culture ». Dès que l’on pénètre dans la boutique, impossible d’éviter ce message, placardé sur un des murs du magasin, niché à l’angle des avenues de Lado et de l’OUA, dans la commune de Kintambo. Comme ne l’indique pas son nom KCM (Kin Cash Minute), appellation de la première activité de l’entreprise, la société de Betty Niangi vend des produits des terroirs congolais. Des produits naturels ou issus de l’agriculture, des articles transformés, dont les propriétés et les bienfaits sont étudiés et conservés jalousement depuis des millénaires par les initiés aux mystères de la nature. Une somme inestimable de savoir-faire ancestraux.

C’est en 2019 que Betty Niangi s’est lancée dans les produits naturels, avec l’artémésia, qui connaissait alors un grand boom. Une plante qu’elle vend uniquement pour ses bienfaits contre le paludisme,  et non pas comme un remède miracle contre la Covid-19, comme certains ont voulu le faire croire.

Betty Niangi @MDMM

Accompagner les petits producteurs

Ce sont des producteurs d’artémésia de Bukavu, dans la province du Sud-Kivu, qui lui ont indiqué l’existence de nombreuses autres plantes, qu’ils n’arrivaient pas à placer auprès des supermarchés, faute de pouvoir leur fournir de grandes quantités. Et parce que de nombreuses enseignes ont leurs propres champs où elles cultivent des produits agricoles qu’elles revendent dans leurs magasins, et leurs propres employés. 

Découvrant la variété de ces produits et convaincue de leur qualité nutritionnelle, médicinale et cosmétique, Betty a décidé d’aider ces petits producteurs à améliorer leur packaging. Et d’accompagner ces acteurs de la filière depuis la récolte jusqu’à la mise sur le marché de leurs productions. Loin d’avoir une démarche purement commerciale, Betty souhaite faire le lien entre le producteur et le client. « Je veux être proche de la clientèle et lui présenter non seulement le produit et ses bienfaits mais aussi celui ou celle qui le collecte, le cultive et le transforme, et raconter son histoire », insiste-t-elle.

« Je veux être proche de la clientèle et lui présenter non seulement le produit et ses bienfaits mais aussi celui ou celle qui le collecte, le cultive et le transforme, et raconter son histoire »

Le canal des réseaux sociaux

C’est d’abord avec des producteurs des deux Kivu et du Kongo Central ainsi qu’avec des commerçantes du marché de Gambela à Kinshasa qu’elle a noué ses premiers contacts. Puis elle les a élargis à ceux de l’Équateur et du Kasaï. Si le bouche-à-oreille permet à KCM de trouver des fournisseurs, les réseaux sociaux, comme Facebook, sont d’autres canaux très efficaces. « Beaucoup de producteurs ont créé des pages Facebook pour présenter leurs produits. C’est par ce biais que je les contacte. Ils me joignent également via ma propre page », informe Betty. Dans certaines zones, des réseaux animés par des congrégations religieuses, qui cultivent et transforment des denrées du terroir, facilitent l’information et les échanges.  

Si le bouche-à-oreille permet à KCM de trouver des fournisseurs, les réseaux sociaux, comme Facebook, sont d’autres canaux très efficaces.

Une gamme variée de produits

La gamme des produits proposés est étendue. Côté plantes naturelles, il y a évidemment le rayon tisanes (artemesia, bulukutu, kongo bololo, infusion de cacao, thés, etc.), pour traiter divers petits maux. On y trouve aussi de l’encens, de la cannelle, de l’argile, en particulier la rouge en provenance du Kasaï, aux vertus à la fois médicinales et cosmétiques.  Le rayon « alimentation », regorge de denrées et d’aromates, non transformés, aux multiples usages :  cannelle, poivre sauvage (Équateur, Nord-Kivu et Kasaï), miel d’acacia, graines de chia, cannelle, clous de girofle, arachides, vanille, piment, café… 

Huiles végétales @MDMM

Le rayon des produits transformés propose des farines bio (maïs, soja, moringa, tarot…), des confitures de fruits, des céréales pour bébés, diverses boissons (jus de fruits et liqueurs), des fruits séchés, des chips, des noix de cajou chocolatés… Et même des aphrodisiaques, un savoir-faire que les populations de l’Équateur semblent maîtriser. 

La cosmétique n’est pas en reste. Huiles végétales, dont certaines au haut pouvoir cicatrisant, lubrifiants naturels, poudre pour cheveux, cire d’abeille, beurre de karité et de cacao… L’éventail est large.

Les difficultés logistiques

Pas facile pour les producteurs d’expédier leurs produits vers les grands centres urbains, notamment Kinshasa, la capitale, en raison des difficultés logistiques. Il n’existe quasiment pas de chambres froides pour conserver les produits frais et le réseau routier praticable est rare. En outre, les longues distances entre les provinces ne facilitent pas la circulation des biens. À part le Kongo central, le Kwango et le Kwilu, proches de la capitale et accessibles par la route, pour les autres provinces, seul le fret aérien permet d’évacuer rapidement les marchandises. Mais son coût est élevé.

Pas facile pour les producteurs d’expédier leurs produits vers les grands centres urbains, notamment Kinshasa, la capitale, en raison des difficultés logistiques.

Néanmoins, la débrouillardise congolaise pallie les manques. « Des intermédiaires informels démarchent des voyageurs pour que ces derniers transportent de petites quantités de marchandises en bagage accompagné. Mais avec la baisse des tarifs aériens, nous espérons pouvoir faire du fret légal, en faisant acheminer les produits emballés dans des cartons. J’encourage les producteurs à se regrouper pour obtenir des tarifs compétitifs », signale Betty. 

Conditionnement et emballage

Sacs papier de Papa Kodia

Le conditionnement et l’emballage sont d’autres problèmes. Trouver des articles en verre relève du parcours de combattant. « À Kinshasa, une chaîne de récupération et de recyclage informelle s’est mise en place. Des dames vont à la sortie des restaurants et des discothèques récupérer les bouteilles vides qu’elles stérilisent et revendent à des commerçants du marché de Gambela. Les producteurs récupèrent également les verres qu’ils aseptisent et réutilisent ». Même chose pour les bouteilles en plastique. Si le système D a du bon, Betty Niangi déplore le manque de politique de recyclage et de packaging, en particulier de conditionnement.

En revanche, côté emballage papier, elle a trouvé une solution avec « Papa Kodia qui fournit des sacs en papier, qu’il confectionne lui-même, à partir de rouleaux de papier qu’il découpe, travaille, colle et imprime en fonction des commandes ».

Une clientèle quadragénaire

Les clients de KCM sont généralement des femmes et des hommes de plus de 40 ans, sensibles au bio et soucieux de leur bien-être et de leur santé. « Les femmes veulent mieux s’alimenter, voire maigrir. Elles sont aussi à la recherche de produits de beauté, pour leur  peau et leurs cheveux. Les hommes, eux, s’intéressent aux aphrodisiaques naturels et à tout ce qui peut réduire l’hypertension ». Bien évidemment, cette clientèle fréquente les réseaux sociaux. C’est par ce même biais qu’elle découvre KCM. Elle dispose également d’un certain pouvoir d’achat.  Betty Niangi s’efforce néanmoins de toucher toutes les bourses.

« Multiplier les points de vente KCM dans les quartiers, avec des vendeuses rémunérées. Ce qui permettra d’augmenter la production. Et faire connaître des produits bio et sains aux Congolais »

Betty est également soucieuse de rémunérer régulièrement ses fournisseurs. « Je suis les ventes au jour le jour et, chaque fin de mois, je reverse aux producteurs le pourcentage qui leur revient sur les ventes. Ils peuvent retirer leurs produits sans problème ». Le souhait de Betty Niangi ?  « Multiplier les points de vente KCM dans les quartiers, avec des vendeuses rémunérées. Ce qui permettra d’augmenter la production. Et de faire connaître des produits bio et sains aux Congolais ».

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