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mardi 30 avril 2024
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Congo. Christ Kimvidi, lauréat national du concours photo Wiki Loves Afrika

Christ Kimvidi, photographe congolais, fait partie des trois lauréats nationaux du concours Wiki Loves Africa, pour le Congo-Brazzaville. La photo qui lui a permis d’être lauréat de ce concours dont le thème était « Foyer et habitat » représente une maison à Madibou, dans la périphérie de Brazzaville.

Christ Kimvidi, qui a fait un travail photographique intitulé « Ma maison est Dieu » explique ce que symbolise la maison pour lui. Et pour contrebalancer les images qui donnent une vision souvent trop réductrice et pessimiste du continent, il invite ses confrères à poser un regard différent sur les réalités africaines, afin d’en dévoiler des facettes plus authentiques et diversifiées.

Propos recueillis par Muriel Devey Malu-Malu

Makanisi : Pouvez-vous nous présenter le concours Wiki Loves Africa dont vous êtes l’un des lauréats ?

Christ Kimvidi : Wiki Loves Africa est un concours photo international, organisé chaque année par la fondation Wikimedia. Il permet de pallier le manque de données audiovisuelles (photos vidéos et sons) sur l’Afrique. Disponibles sur la médiathéque en ligne Wikimedia Commons, ces photos sont destinées à être utilisées sur Wikipedia et d’autres sites de la Fondation Wikimedia.

Wiki Loves Africa est un concours photo international, organisé chaque année par la fondation Wikimedia.

Depuis quand ce concours photo est-il organisé au Congo-Brazzaville ?

Ce concours qui a plusieurs prix existe depuis quelques années. Mais il a été organisé pour la première fois au Congo-Brazzaville, en 2022. C’était donc la première édition pour notre pays.

Comment et quand avez vous été informé de son existence ?

Chaque année, le concours est lancé dans plusieurs pays africains et le thème est le même pour tous. En 2022, le thème retenu était « Foyer et habitat ». J’ai été informé de son existence en début d’année par un ami infographe. Sachant  que j’avais travaillé sur ce thème, cet ami m’a envoyé le lien internet pour que je puisse postuler.

En 2022, le thème retenu était « Foyer et habitat ».

À quelle occasion avez-vous travaillé sur le thème de l’habitat ?

J’ai fait un travail photographique que j’ai intitulé « Ma maison est Dieu ». Sur la vingtaine de photos que j’ai réalisées sur des maisons, quatre ont été exposées lors du festival Kokutan’art, organisé en juin 2022 à Brazzaville, dont le sujet était « l’Afrique qui vient ».

Que représente pour vous la maison ?

La maison n’est pas seulement un endroit où l’on met ses affaires et où l’on dort. C’est bien plus que cela. La maison est un havre de paix et un refuge. C’est un endroit sécurisé. J’ai compris cette valeur durant la pandémie du Covid-19. J’ai donc fixé mon regard sur la maison et mis en lumière la dimension sécuritaire qu’elle a représentée durant cette période. Le mot d’ordre était d’ailleurs « rester chez vous » et non aller vous réfugier dans un bar ou dans une église.

La maison est un havre de paix et un refuge. C’est un endroit sécurisé.

La maison est aussi un lieu de recueillement.  On y trouve le silence qui permet de travailler, de réfléchir et de se remettre en cause. C’est également un lieu de communion avec nos ancêtres. En Afrique, on recommande de rentrer chez soi et de parler aux ancêtres. Cela doit se passer là où l’on habite. On parle à nos ancêtres  avec parfois un verre de vin de palme. C’est tout cela qui fait la grandeur de la maison et lui donne son caractère divin.

La maison est aussi un lieu de recueillement.  On y trouve le silence qui permet de travailler, de réfléchir et de se remettre en cause. C’est également un lieu de communion avec nos ancêtres.

Fort de votre travail sur la maison, qui correspondait au sujet du concours de Wikimedia, vous avez  postulé… Quelles étaient les conditions ?

Il fallait envoyer des photos de bonne résolution et qui répondaient au thème. On pouvait adresser jusqu’à 30 photos. J’en ai envoyé une douzaine en février dernier.

Christ Kimvidi @drik-c

Combien de Congolais  ont postulé et qui composait le jury à Brazzaville ?

Je n’ai pas eu connaissance du nombre exact de photographes qui ont participé au concours, mais je sais  que 70 photos ont été retenues. Le jury était formé de Congolais, qui n’étaient pas spécialement des photographes. Je ne les connais pas. Suite à cette édition, Wikimedia a maintenant un représentant au Congo.

Vous faites partie des trois lauréats sélectionnés… Qu’est-ce que cela vous apporte ?

J’ai fait partie, en effet, des trois lauréats. J’ai reçu le prix « First Runner Up », ainsi qu’un smartphone. Mais au-delà de cette récompense, ce concours m’apporte une plus grande visibilité. Être lauréat pour la première édition du concours Wiki Loves Africa au Congo est une étape importante à franchir. Cela peut ouvrir des portes.  

Toutes les photos retenues sont-elles conservées ?

Les photos sont conservées sur la plateforme gérée par Wikimédia dont le siège est à San Francisco. Elles sont mises à la disposition des internautes, notamment  des infographes, des blogueurs et des journalistes qui peuvent les télécharger.  

Nos photos permettent de mettre à disposition, sur internet, des images de bonne qualité et plus diversifiées sur l’Afrique.

Quel est le but ?

Beaucoup se plaignaient du manque de photos sur l’Afrique, notamment de photos de bonne qualité. Nos photos permettent de mettre à disposition, sur internet, des images de bonne qualité et plus diversifiées sur l’Afrique. C’est notre contribution de photographes. Personnellement, je suis content d’avoir fait quelque chose pour l’Afrique grâce à mes images. Mes photos et celles des autres photographes donnent une autre idée de l’Afrique.

La plupart des images qui paraissent sur l’Afrique évoquent souvent la pauvreté, la malnutrition, les guerres…

Pour vous les images sur l’Afrique ne reflètent qu’une partie de la réalité ?

Oui.  Même si je dois noter quelques améliorations, la plupart des images qui paraissent sur l’Afrique, évoquent souvent la pauvreté, la malnutrition, les guerres, etc.  C’est le constat que font les journalistes et les blogueurs quand ils cherchent des visuels sur le continent. Il faut proposer d’autres images, évoquant la vie, la joie, l’inventivité et l’hospitalité. Nous, photographes,  nous  essayons de corriger cela et de proposer un autre regard.

Pensez-vous que le but de Wikimedia est de changer le regard sur l’Afrique ?

Oui je pense. Ce n’est pas pour rien que la fondation Wikimedia a organisé le concours. C’est  une manière de constituer et de mettre à disposition une banque d’images sur l’Afrique répondant aux diverses demandes qui émanent d’un peu partout. C’est aux photographes et aux vidéastes de faire ce travail.

Ce sont les concours extérieurs qui s’intéressent à notre travail et des étrangers qui voient l’importance de ce que l’on fait.

En matière de photos, que font les gouvernements africains pour favoriser l’offre ?

Pour ne parler que du Congo, force est de constater que le gouvernement ne fait pas grand-chose pour favoriser l’offre. Pour ce faire, il faudrait appuyer et accompagner les initiatives des photographes, constituer des bases de données photos et vidéos sur le pays et faciliter notre travail. Au contraire, on met les photographes en difficulté. Rien n’est fait pour corriger cela. Ce sont les concours extérieurs qui s’intéressent à notre travail et des étrangers qui voient l’importance de ce que l’on fait.

Je les invite à bâtir des maisons sûres, résilientes, écologiques et culturellement inspirantes. Et à des prix abordables.

Vous avez souligné l’importance de l’habitat, comme lieu de vie, de paix et de recueillement.  Quel message adresseriez-vous à vos compatriotes sur ce plan ?

J’attire l’attention de mes compatriotes sur la nécessité de revoir la manière dont nous bâtissons nos maisons. Nous construisons nos demeures pour y habiter et non pour y vivre. Je les invite à bâtir des maisons sûres, résilientes, écologiques et  culturellement inspirantes. Et à des prix abordables. Je souhaite à tout le monde de trouver son chez soi, quelle que soit la définition qu’on en donne ou la fonction qu’on lui attribue.

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