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mardi 23 avril 2024
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Congo-B : victoire écrasante du PCT aux législatives

L’annonce a été faite, le 2 août 2022, par le ministre de l’Administration du territoire, de la Décentralisation et du Développement local, Guy Georges Mbacka. Sans surprise, le Parti congolais du travail (PCT), au pouvoir, a obtenu 112 sièges sur 151, au terme des élections législatives qui se sont tenues en juillet. Avec ses alliés, il domine largement l’Assemblée nationale.

Les 151 « heureux » élus feront prochainement leur rentrée parlementaire dans le nouveau siège de l’Assemblée nationale, dont la construction a été financée par la Chine.

Couplées avec les locales (élections des conseillers municipaux et départementaux), les législatives se sont déroulées en quatre temps : les 4 et 10 juillet pour le premier tour et les 26 et 31 juillet pour le second. Innovation de 2017, le principe du vote par anticipation des militaires, policiers et gendarmes a, en effet, été renouvelé en 2022. Ainsi les forces de défense et de sécurité ont voté quelques jours avant le reste de leurs compatriotes pour chaque tour. 

Le PCT et ses alliés

Les élections ont été précédées par une concertation politique organisée par le pouvoir, début mars dernier, à Owando, chef-lieu de la Cuvette, d’où est originaire le chef de l’État, dont le but était, selon ses organisateurs, de parvenir à « une tenue apaisée des élections législatives et locales ».  

Outre le Parti congolais du Travail (PCT), au pouvoir, qui contrôlait, avec ses alliés, les deux tiers de l’Assemblée sortante, plusieurs formations politiques ont participé aux élections. Du côté de la majorité présidentielle, on peut citer le Rassemblement pour la Démocratie et le Progrès Social (RDPS) de Jean-Marc Thystère-Tchicaya, l’actuel ministre des Transports, de l’Aviation civile et de la Marine marchande, le Mouvement action et renouveau (MAR) de Roland Bouiti Viaudo, le Club 2002-PUR (Parti pour l’unité et la république) dont Juste Désiré Mondélé est le secrétaire général ou le Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (MCDDI) de Landry Euloge Kolélas.

Une frange de l’opposition, qui n’avait pas pris part à la concertation politique d’Owando, qu’elle a qualifiée de « manœuvre de diversion et de ruse politique », n’a pas participé au scrutin.

Boycott du scrutin par une partie de l’opposition

Une frange de l’opposition, qui n’avait pas pris part à la concertation politique d’Owando, qu’elle a qualifiée de « manœuvre de diversion et de ruse politique », n’a pas participé au scrutin. C’est le cas de la plateforme coordonnée par Clément Mierassa, qui regroupe une dizaine de partis dont l’Initiative pour la démocratie au Congo (IDC), le Front pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique (Frocad) et la composante Jean-Marie Michel Mokoko. De même, le Rassemblement pour la démocratie et le développement de Jean-Jacques Serge Yhomby Opango et l’Alliance pour la république et la démocratie de Mathias Dzon ont boycotté les élections.

UPADS et UDH-Yuki en lice

Les formations politiques de l’opposition qui ont présenté des candidats sont l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS) de Pascal Tsaty Mabiala, créée en 1991 par l’ex-président Pascal Lissouba, et l’Union des démocrates humanistes Yuki (UDH-Yuki), fondée par Guy-Brice Parfait Kolélas, qui est  décédé, en mars 2021, au moment de la présidentielle. Ex-directrice de cabinet de Pascal Lissouba et ex-ministre, Claudine Munari, qui fut l’une des figures de l’opposition, a également joué le jeu, en se présentant sous la bannière de son Mouvement pour l’unité, la solidarité et le travail (Must) dans la Bouenza.

Les formations politiques de l’opposition qui ont présenté des candidats sont l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS) et l’Union des démocrates humanistes Yuki (UDH-Yuki)

Une douzaine de petits partis

Parmi les autres partis en lice, dont certains sont plus ou moins proches du pouvoir en place, figurent la Dynamique républicaine pour le développement (DRD) de Hellot Matson Mampouya, le Rassemblement citoyen (RC) d’Elbe Bidié Biambemba Biscay, le Mouvement pour la démocratie et le progrès (MDP) de Jean Claude Ibovi et l’Action pour le Congo (APC) de Rodrigue Malanda-Samba. Citons aussi le Club perspectives et réalités (CPR), la Chaîne, l’Union patriotique pour la démocratie et le progrès (UPDP) ou le Parti républicain et libéral (PRL). Autant de formations dont le score est marginal.

Une participation inégale

Selon le ministère de l’Administration du territoire, 59,77 % des quelque 2,9 millions de Congolais inscrits se seraient déplacés à l’échelle nationale lors du premier tour. Avec toutefois des disparités. Le taux de participation aurait été plus élevé dans la partie nord du pays que dans la partie sud. Quant aux deux grandes agglomérations du pays, elles n’auraient attiré que 36,7 % des inscrits à Brazzaville et 37,2 % à Pointe-Noire.  

Selon certains Congolais, les urnes n’auraient pas déplacé des foules. Pour plusieurs raisons : l’appel au boycott des scrutins organisés, selon plusieurs opposants, « dans l’irrespect total de la loi », et plus généralement, la lassitude de nombre de Congolais pour qui les élections sont une vaste mascarade, le résultat étant acquis d’avance. 

Présent dans tous les départements,  le PCT est le seul maître à bord dans 4 d’entre eux (Cuvette, Cuvette-Ouest, Likouala, Sangha) et largement en tête partout ailleurs sauf dans le Kouilou.

Ministres et caciques PCT élus

Avec 112 élus, soit les trois-quarts des sièges, dont 103 obtenus dès le premier tour, le PCT a, de loin, raflé la mise. Présent dans tous les départements, il est le seul maître à bord dans 4 d’entre eux (Cuvette, Cuvette Ouest, Likouala, Sangha) et largement en tête partout ailleurs, sauf dans le Kouilou.

Sans surprise, ses élus comptent dans leurs rangs des caciques du régime, des ministres ou d’anciens ministres membres du parti au pouvoir. Parmi eux, on peut citer Jean Claude Bouya (Tchicapika, Cuvette), Raymond Zéphirin Mboulou (Mpouya, Plateaux), Bruno Jean Richard Itoua (Ollombo 1, Plateaux), Gilbert Ondongo (Owando 2, Cuvette), Arlette Soudan Nonault (Mbama, Cuvette Ouest), Thierry Moungala (commune de Sibiti, Lékoumou), Émile Ouosso (Yaya, Sangha), Denis Auguste Marie (Boundji, Cuvette Ouest) ou encore Henri Djombo (Enyellé, Likouala), ex-ministre de l’Agriculture. Quant au premier ministre Anatole Collinet Makosso, il a été élu à Loandjili 1 (Pointe-Noire).

Des « honorables » enfants du président

Sur les bancs du futur hémicycle, figureront également des enfants de l’actuel chef de l’État et de figures influentes au sein du régime. Le pouvoir pourra ainsi compter sur les « honorables » Denis Christel Sassou N’Guesso, réélu à Oyo (Cuvette), Stella Mensah Sassou N’Guesso (Kintélé, Pool) et Claudia Lemboumba Ikia Sassou N’Guesso (Talangaï 5 à Brazzaville). Époux de Ninelle Sassou N’Guesso, Hugues Ngouelondelé, ancien maire de Brazzaville et actuel ministre des sports, de la formation qualifiante et de l’emploi, rempile à Gamboma 1 (Plateaux).

Sur les bancs du futur hémicycle, figureront également des enfants de l’actuel chef de l’État et de figures influentes au sein du régime.

Fils du général Ntsiba, ministre d’État, directeur du cabinet présidentiel, Melly Florent Ntsiba Ngouloubi a été élu à Lékana (Plateaux). En revanche, la ministre Jacqueline Lydia Mikolo, fille de Justin Mikolo Kinzouzi, ancien membre du comité central du PCT, a dû s’incliner devant Claudine Mounari à Mouyondzi, qui remporte le scrutin, au deuxième tour, avec 58,91% des suffrages exprimés.

Des résultats en recul pour certaines formations

La large victoire du PCT s’est opérée au détriment de ses alliés, qui perdent quelques plumes. Du côté de la majorité présidentielle notamment, le RDPS et le MAR, principalement implantés dans les départements du Kouilou et de Pointe-Noire, comptabilisent, à eux deux, six députés. Soit deux de moins que dans la législature précédente.

Léger recul également, du côté de l’opposition. Arrivées ex-aequo, en deuxième position, avec sept députés chacune, l’UPADS et l’UDH-Yuki perdent chacune un siège. Toutefois, leurs bastions respectifs restent pour l’UPADS, le Kouilou et Pointe-Noire et pour l’UDH-Yuki, Brazzaville et le Pool, les deux seuls départements où le profil des élus est plus varié. Le nombre de députés indépendants élus est également en baisse. De 13 en 2017, il passe à 4 en 2022.

Conformément à la Constitution de 2015, qui a instauré un régime parlementaire, le prochain Premier ministre sera (encore) issu du PCT.

Un futur Premier ministre PCT

Avec ses 112 élus, contre 90 dans l’assemblée sortante qui a siégé de 2017 à 2022, le parti de Denis Sassou N’Guesso contrôle la future chambre basse qui comptera 151 députés. Du coup, conformément à la Constitution de 2015, qui a instauré un régime parlementaire, le prochain Premier ministre sera (encore) issu du PCT. Reste à savoir qui sera le chef de l’opposition : l’UPADS ou l’UDH-Yuki ? Y-aura-t-il partage ?  Les paris sont pris.

Au niveau des locales, 1154 sièges ont été pourvus pour le compte des 26 conseils départementaux et municipaux du pays, selon le ministre de l’Administration du territoire, de la Décentralisation et du Développement local. Ce sont ces conseillers locaux, appelés grands électeurs, qui élisent les sénateurs, dont la durée du mandat est de six ans, renouvelable.

Au vu des résultats des législatives, tout porte à croire que ceux des locales épouseront la même tendance. Le pouvoir en place n’aura donc pas de crainte à avoir lors du renouvellement de la chambre haute. Le Sénat compte actuellement 72 membres, dont 68 sièges issus du PCT (44 sièges) et de ses alliés (12). Son président, qui, selon la constitution, assure l’intérim du président de la République en cas de vacance ou d’empêchement, est Pierre Ngolo, ancien secrétaire général du PCT.

ÉLECTIONS LÉGISLATIVES MODE D’EMPLOI 

  • Élection des députés à l’Assemblée nationale (Chambre basse)
  • Élection au suffrage universel direct, au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.
  • Durée du mandat : 5 ans, renouvelable.

Résultats des législatives 2022 : 151 sièges 

– Répartition par formations :

PCT (112) ; UPADS (7) ; UDH-Yuki (7) ; MAR (4) ; RDPS (2) ; Club 2002-PUR (2) ; DRD (2) ; PRL (2) ; Indépendants (4) ; APC (1); CPR (1) ; La Chaîne (1) ; MCDDI (1) ; MDP (1) ; Must (1) ; RC (1) ; UPDP (1) ; URDC (1) ;

– Répartition par départements et formations :

  • Brazzaville 1: PCT (17) ; UDH-Yuki (5) ; Club 2002-PUR(1) ; MDP (1) ; CPR (1) ; PRL (1) ; Indépendant (1)
  • Bouenza 2: PCT (9) ; UPADS (3) ; Must (1)
  • Cuvette 3: PCT (13)
  • Cuvette-Ouest 4: PCT (7)
  • Kouilou 5: PCT (3) ; MAR (3) ; RDPS (1)
  • Lékoumou 6: PCT (3) ; La Chaîne (1) ; Indépendants (2)
  • Likouala 7: PCT (9)
  • Niari 8: PCT (12) ; UPADS (4) ; MCDDI (1) ; URDC (1)
  • Plateaux 9: PCT (12) ; DRD (1) ; UDPD (1)
  • Pointe-Noire 10: PCT (9) ; RDPS (1) ; MAR (1) ; Club 2002-PUR (1)
  • Pool 11: PCT (9) ; UDH-Yuki (2) ; RC (1) ; APC (1)  ; PRL (1) ; DRD (1) ; Indépendant (1)
  • Sangha 12: PCT (9) 

Tableau des résultats par formations politiques et par départements

Départements1234 56789101112Total
PCT1791373391212999112
UPADS 3     4    7
UDH-Yuki 5         2 7
MAR    3    1  4
RDPS    1    1  2
Club 2002-PUR 1        1  2
DRD        1 1 2
PRL1         1 2
APC          1 1
CPR1           1
La Chaîne     1      1
MCDDI       1    1
MDP1           1
Must  1          1
RC          1 1
UPDP        1   1
URDC       1    1
Indépendants1    2    1 4
Total2713137769181412169151
Les numéros en haut (de 1 à 12) correspondent aux départements

Composition de la 14è législature (Assemblée sortante), issue des législatives de 2017 

– Total :151 députés

Groupe parlementaire de la majorité présidentielle : 119 députés, dont 92 du Parti congolais du travail (PCT), et 27 pour ses alliés.

Groupe parlementaire de l’Union Panafricaine pour la Démocratie Sociale (UPADS) et de l’Union des démocrates et humanistes (Udh-Yuki) : 8 députés

– 24 députés n’appartiennent à aucun groupe parlementaire.

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