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vendredi 19 avril 2024
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Congo : stabiliser la production de pétrole liquide et miser sur le gaz

Sixième producteur de pétrole d’Afrique, membre de l’OPEP depuis 2018, le Congo a enregistré une baisse de sa production d’hydrocarbures sous la conjugaison de plusieurs facteurs dont la pandémie de Covid-19, la baisse des prix du pétrole qui a ralenti l’investissement, notamment dans l’exploration, et le déclin de certains champs. Deux défis majeurs attendent le pays. Le premier consiste à stabiliser la production de pétrole liquide. Le deuxième porte sur le développement de la production et de l’exportation du gaz naturel.

L’économie congolaise repose majoritairement sur l’exploitation de ses ressources naturelles, notamment le pétrole et le gaz qui représentent environ 80% de ses exportations et 50% des revenus de l’État. Selon les prévisions du FMI, la production de pétrole est passée de 112 millions de barils en 2020 à 109 millions de barils en 2021, pour remonter légèrement à 110 millions de barils en 2022 et 112 millions de barils en 2023.  

Production annuelle de pétrole du Congo (en millions de barils)

année2020202120222023202420252026
Quantité112109110112125122113
Source : FMI

Cinq qualités de pétrole provenant du bassin côtier du Congo sont commercialisées à l’échelle internationale : le Djéno mélange, le Nkossa Blend, le Nkossa butane, le Nkossa propane et le Yombo. La part de production revenant à l’État au titre des contrats de partage de production est commercialisée par la SNPC.

Le développement du secteur pétrolier congolais repose en grande partie sur des investissements étrangers. La majorité des opérateurs, qui ont la responsabilité de l’exploitation, du développement et de la production de gisements de pétrole ou de gaz, sont en effet des compagnies étrangères. Bien que titulaire de tous les permis (exploitation et recherche), la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC), la compagnie publique, en est rarement l’opérateur. Les opérateurs nationaux privés d’envergure sont très peu nombreux. 

Les activités d’exploration et de production au Congo sont réglementées par des accords de partage de production. La régularisation des contrats a été achevée en 2022, avec la publication, en particulier au cours des années 2019, 2020 et 2021, d’une série de lois approuvant les contrats de partage de production (CPP) ou les avenants à des CPP.

Une quarantaine de champs pétroliers, situés en offshore et en onshore dans le bassin côtier, sont actuellement en phase d’exploitation, mobilisant douze opérateurs.

Champs en exploitation

Une quarantaine de champs pétroliers, situés en offshore et en onshore dans le bassin côtier, sont actuellement en phase d’exploitation, mobilisant douze opérateurs. Trois d’entre eux fournissent une grande part de la production congolaise : la compagnie Total Énergies EP Congo (champs Nkossa, Moho-Bilondo, Nsoko II, Yanga-Sendji), filiale du français TotalÉnergies, suivie d’ENI Congo (barils/jour), filiale de l’italien ENI (Ente Nazionale Idrocarburi), qui opère une douzaine de permis. Les deux compagnies détiennent des participations minoritaires dans d’autres permis. En troisième position arrive le français Perenco (6 permis). 

Selon le rapport 2022 de Total Énergies, la production de pétrole de l’entreprise est passée de 49 millions de barils équivalent pétrole (Mbep) en 2019 à 47 Mbep en 2020 et 34 Mbep en 2021 (environ 93 150 b/j). Celle d’Eni s’affichait à 25 Mbep en 2021 contre 27 Mbep en 2020.  Perenco Congo, pour sa part, annonçait, sur son site,  une production de 85 000 b/j en 2022.

Émergence de nouveaux opérateurs

Neuf autres opérateurs évoluent sur le terrain. Figurent parmi eux des sociétés à capitaux étrangers comme la compagnie américaine Chevron (Lianzi), la société chinoise Wing Wah (Banga Kayo et Holmoni), le nigerian Pelfaco (Sounda) et Congorep, une joint-venture entre Perenco qui détient 51% du capital et la SNPC (Emeraude II et Likouala).

Les opérateurs nationaux comptent dans leurs rangs Africa Oil & Gas Corporation (AOGC), créée en 2003 (Pointe Indienne) et la SNPC dont la Société nationale de recherche et de production (Sonarep), une de ses filiales, détient 85% de participations dans les permis Loufika-Tioni et Zingali.

Au cours des trois dernières années, de nouveaux opérateurs ont émergé : le britannique Trident Energy (Mengo-Kundji-Bindi II), Olive Energy Congo (Tilapia II), filiale de la société de service américaine Olive Energy, et le suisse Mercuria (Viodo, Lideka, Loubama, Lidongo).

De nouveaux opérateurs ont émergé : le britannique Trident Energy, Olive Energy Congo, filiale de la société de service américaine Olive Energy, et le suisse Mercuria

Les participations minoritaires

À ces douze opérateurs, s’ajoutent plusieurs sociétés qui ont des participations minoritaires dans les contrats pétroliers. On compte parmi elles des privés nationaux, dont Orion oil, Petro-Congo (Petco) et Ifouret, qui ont fait leur entrée dans la filière à la faveur des nouvelles dispositions du code des hydrocarbures de 2016, rejoignant ainsi la doyenne AOGC. « Dans les contrats de partage de production, les compagnies privées congolaises doivent détenir un intérêt participatif minimum obligatoire et incessible de 15% dans tout contrat pétrolier », explique un spécialiste de l’amont pétrolier. Reste que cette disposition est encore loin d’être totalement appliquée.

Des entreprises à capitaux étrangers appartiennent également à cette catégorie. Il s’agit notamment de Kontinent Energy (Cameroun), de Hemla (Norvège), de Lukoil Upstream Congo (Russie), qui a des participations dans des permis opérés par ENI, et de DMT Overhood (associé dans Tilapia II)

Lors du Conseil des ministres du 15 février 2023, plusieurs compagnies – Ammat Global resources, Transfal, Bluegreen et Rosetti Marino – ont été annoncées comme potentiels associés de la SNPC sur les permis Loango III et Zatchi III.

Fin décembre 2022, le terminal pétrolier de Djéno a été classé dans le domaine public de l’État.

Le terminal de Djeno

L’essentiel de la production (95%) de pétrole transite par le terminal pétrolier de Djeno. Situé au sud de Pointe-Noire, ce terminal a été construit en 1972 par la société TotalÉnergies, actionnaire à hauteur de 63%, et ENI (37%). Le contrat de concession du terminal, qui avait été octroyé à TotalÉnergies, est arrivé à échéance en novembre 2020. Fin décembre 2022, le terminal de Djéno a été classé dans le domaine public de l’État. Sa superficie est de 1,916 km2 (191,6 ha). La future association de gestion du terminal, en cours de négociation, devrait réunir TotalEnergies, maintenu comme opérateur pour 20 années supplémentaires, ENI, la SNPC et Perenco

L’espoir du gaz

Les réserves prouvées de gaz naturel seraient d’environ 100 Mds de m3, plaçant le pays au 5ème rang des réserves prouvées de gaz naturel en Afrique subsaharienne. Principalement assurée par ENI Congo depuis ses champs Mboundi et Néné Banga (Marine XII), la production de gaz alimente la Centrale Électrique du Congo (CEC)  et, depuis peu, la Centrale électrique à gaz de Djéno, réhabilitée, qui a relancé ses activités en novembre 2022 avec une extension de 10% de sa puissance initiale.

Le développement de la production et de l’exportation du gaz naturel s’appuie sur le Gas Master Plan de la SNPC. En août 2022, Eni Congo, qui mise sur le gaz naturel liquéfié (GNL) a acquis la société Export LNG Ltd, propriétaire de l’installation flottante de liquéfaction Tango FLNG. L’installation sera utilisée dans le cadre des activités du projet de mise en valeur du gaz naturel dans le bloc Marine XII. Les projets de valorisation et de commercialisation des ressources gazières du pays devraient permettre d’exporter environ 1 milliard de mètres cubes de gaz à l’hiver 2023-2024 et jusqu’à 4,5 milliards par an à partir de l’hiver 2024-2025 via le l’utilisation des installations flottantes de GNL.

Le développement de la production et de l’exportation du gaz naturel s’appuie sur le Gas Master Plan de la SNPC.

La recherche s’étend dans la Cuvette

Au fil des ans, de l’offshore, en mer profonde et très profonde, l’exploration s’est progressivement étendue à l’onshore dans le bassin côtier (département du Kouilou) pour gagner le bassin de la cuvette centrale qui a été divisée en dix blocs.

Dans la partie nord du Congo (départements de la Likouala et de la Cuvette), les opérateurs sont Pepa (Ngoki), TotalEnergies (Mokelembembé), Eni (Ngolo) et Dig Oil (Mopongo).

Dans la partie sud du pays, les opérateurs impliqués dans la recherche sont Wing Wah (Kayo Sud), la China National Offshore Oil Corporation (Haute Mer A), le russe Gazprom (Nanga II A et B), Kosmos Energy Congo (Marine XXI) et Philia Energy (Marine III) ainsi que TotalEnergies, Eni, SNPC et Perenco.

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