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samedi 27 juillet 2024
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Le Gabon récolte les fruits de sa politique de protection des forêts

Le Gabon se démarque des autres pays d’Afrique centrale par ses politiques exemplaires de protection de l’environnement et de lutte contre le dérèglement climatique. Dans le cadre de l’Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale (CAFI), Libreville a reçu un chèque de 17 millions de dollars en juin 2021 pour ses efforts qui pourraient susciter une saine émulation dans cette sous-région en proie à la déforestation et au braconnage.

Le Gabon, qui se veut un protecteur de forêts et un champion sous-régional de la lutte contre le réchauffement climatique, a été récompensé de ses efforts. Ce pays d’Afrique centrale coincé entre le Congo-Brazzaville, le Cameroun et la Guinée équatoriale, a, en effet, reçu de la Norvège un chèque de 17 millions de dollars en juin 2021 au nom de l’Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale (CAFI), un fonds alimenté par une diversité de bailleurs et géré par l’Organisation des Nations unies.

Le Gabon recevra, au total, 150 millions de dollars sur plusieurs années, à condition qu’il ne relâche pas ses efforts

Ce versement n’est qu’une première étape. En vertu d’un accord conclu en 2019 entre les autorités gabonaises et CAFI, le Gabon recevra, au total, 150 millions de dollars sur plusieurs années, à condition qu’il ne relâche pas ses efforts.

Le paiement a été effectué après un audit mené par des experts indépendants qui se sont rendus sur place au Gabon pour évaluer les progrès réalisés. Des spécialistes établis dans le pays ont également été associés à ce travail d’évaluation.

Du côté de Libreville, on se réjouit de cette avancée. Et on précise que ce premier versement de l’aide publique au développement est lié à la baisse des émissions de CO2 entre 2016 et 2017. L’enveloppe est destinée à financer des projets de préservation des forêts et à préparer le pays à vendre des crédits carbones à l’avenir.

Les forêts sont considérées comme le plus grand entrepôt de carbone après les océans. En Afrique centrale, les forêts couvrent une superficie de 240 millions d’hectares

Solide partenariat avec les donateurs

CAFI est un modèle de partenariat entre des pays de la sous-région (Centrafrique, République démocratique du Congo, Cameroun, Congo-Brazzaville, Cameroun, Guinée équatoriale et Gabon) et des donateurs tels que la Norvège, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Union européenne. Le Brésil est également partie prenante en tant que « partenaire Sud-Sud ». Les forêts sont considérées comme le plus grand entrepôt de carbone après les océans. En Afrique centrale, les forêts couvrent une superficie de 240 millions d’hectares et nourrissent environ 40 millions de personnes établies dans des centres urbains qui en sont proches.

Le Gabon dispose de 13 parcs nationaux et une vingtaine d’aires marines protégées. L’un de ces parcs est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco

Forte volonté politique

La forêt tropicale représente environ 88 % du territoire gabonais – l’un des taux les plus élevés au monde en termes de couvert forestier. Le Gabon dispose de 13 parcs nationaux et d’une vingtaine d’aires marines protégées. L’un de ces parcs est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. 60 % des éléphants de forêt qui subsistent en Afrique se trouvent au Gabon. Ces pachydermes ont été inscrits sur la liste des espèces menacées d’extinction.

Le Gabon, dont l’économie repose en grande partie sur le secteur forestier, qui représente 60 % du PIB (hors hydrocarbures), a pris des engagements en faveur de la réduction de 50 % de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2025, grâce notamment à une utilisation durable des terres.

En 2018, Ali Bongo, le président gabonais a instauré la certification de tous les permis d’exploitation forestière, lesquels doivent être déclarés conformes aux nouvelles normes nationales. La volonté politique joue un rôle majeur dans les avancées notées dans le pays. « Le Gabon a fait des avancées considérables dans l’exploitation forestière. La quasi-totalité de la production passe par la deuxième transformation sur place et bientôt il y aura la troisième transformation. Le Gabon est un pays leader en matière de conservation dans presque tous les domaines : préservation, exploitation, industrie du bois, etc. Tout cela nous vaut cette reconnaissance internationale. Nous avons bénéficié des retombées d’un travail engagé il y a plusieurs années », explique Jean-Jacques Tanga, haut responsable au secrétariat général du ministère des eaux et forêts et ancien directeur général de la faune et des aires protégées.

Malgré les efforts de transparence qui ont donné des résultats tangibles, le pays n’est pas à l’abri de scandales liés au secteur du bois

Tout n’est pas rose

Tout n’est pas rose pour autant. Malgré les efforts de transparence qui ont donné des résultats tangibles, le pays n’est pas à l’abri de scandales liés au secteur du bois. Pour preuve, une scabreuse affaire a défrayé la chronique il y a deux ans à propos de stocks de kevazingo illégalement abattu, alors qu’il est strictement interdit de procéder à la coupe de ce bois précieux. La cargaison a été saisie au port de Libreville. Les cent-vingt conteneurs de kevazingo à l’origine de ce gigantesque scandale ont été vendus aux enchères.

Cette essence coûte cher et entre dans la fabrication de meubles. Elle est particulièrement prisée en Chine. Cette affaire a révélé l’ampleur du fléau de la corruption dans l’administration. Plusieurs fonctionnaires impliqués de près ou de loin dans ce scandale ont été sanctionnés.

Lee White, qui a joué un rôle majeur dans la conversion des Bongo aux questions liées à la protection de l’environnement, peut également être considéré, à juste titre, comme l’un des artisans de la réussite gabonaise dans ce domaine. 

Lee White, l’un des artisans de la réussite gabonaise                                                       

Après l’affaire kevazingo, le président Ali Bongo a voulu envoyer des signaux forts à ses concitoyens et aux partenaires extérieurs du Gabon. C’est ainsi qu’il a procédé à la nomination de Lee White à la tête du ministère des eaux et forêts, de la mer et de l’environnement. Britannique de naissance, Lee White a débarqué au Gabon à l’âge de 23 ans, en 1989, pour effectuer des recherches liées à ses études de zoologie. Il y a passé le plus clair de sa vie depuis 32 ans. Naturalisé gabonais, Lee White est un écologiste connu dans le pays et en Afrique de l’Ouest où il a participé à la mise en œuvre de plusieurs programmes environnementaux. Reconnu pour ses compétences, il a été, en 1992, le représentant du Gabon auprès de l’ONG américaine Wild Conservation Society. Il s’est mis ensuite au service du président Omar Bongo (le père d’Ali Bongo) qu’il a conseillé sur les questions climatiques et l’écotourisme. Lee White, qui a joué un rôle majeur dans la conversion des Bongo à la protection de l’environnement, peut également être considéré, à juste titre, comme l’un des artisans de la réussite gabonaise dans ce domaine.  

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