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samedi 20 avril 2024
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RDC. Haut-Lomami : un potentiel agro-pastoral et halieutique à développer

Une grande part de l’économie du Haut-Lomami repose sur l’agriculture, la pêche artisanale et l’élevage bovin. Excepté l’élevage moderne, qui relève d’investissements étrangers, les autres activités mobilisent surtout l’épargne locale. Toutefois, le capital investi reste très faible et les exploitations modernes sont rares. Pourtant le Haut-Lomami ne manque ni de terres riches, ni de cours d’eau et de lacs poissonneux… Bref, tout ce qu’il faut pour devenir un vaste grenier agricole en produits frais et transformés dont les provinces minières voisines pourraient beaucoup plus bénéficier qu’actuellement. L’essor des activités agro-pastorales et de la pêche est freiné par le manque d’infrastructures de transport, de moyens logistiques, d’électricité et de source de financement.

Pratiquée sur l’ensemble de la province, plus particulièrement dans les territoires de Kaniama, Kabongo et Kamina, dont les sols sont particulièrement riches en matières organiques, l’agriculture mobilise une grande partie de la population active. Elle porte sur quatre types de cultures dont l’essentiel est destiné à la consommation de la population locale et de la sous-région : les cultures vivrières, maraîchères, fruitières et de rente. L’agriculture se caractérise par la faiblesse du capital, le manque d’intrants et de semences de qualité et des techniques culturales traditionnelles. Les surfaces cultivées par ménage agricole y sont réduites. De rares fermes modernes, comme LEKI House située au sud du chef-lieu Kamina, pratiquent la polyculture associée à l’élevage et à la pisciculture  sur de grandes surfaces (cf. encadré ci-desous)

L’agriculture porte sur quatre types de cultures dont l’essentiel est destiné à la consommation de la population locale et de la sous-région : les cultures vivrières, maraîchères, fruitières et de rente.

Agriculture vivrière

L’agriculture est majoritairement familiale et d’auto-subsistance. L’excédent est vendu sur les marchés ruraux locaux ou évacué vers les provinces voisines. L’activité des grandes exploitations modernes et mécanisées porte surtout sur des cultures de rente.

Champ de mais de la ferme Leki House dans le territoire de Kamina. @Marcel Lenge

En tête du vivrier arrive le maïs, très consommé dans la partie sud de la RDC sous forme de bukari (sorte de semoule), avec deux récoltes par an. Outre dans les villages, le maïs est cultivé dans le centre pilote de Kaniama Kasese. Ce centre était autrefois une station de l’Institut national d’étude et de recherche agronomiques (INERA), qui a été remis au Service national. On y forme environ 2500 jeunes délinquants, communément appelés Kulunas, aux travaux des champs. La production de maïs y aurait atteint 5 000 tonnes en 2021. Les autres denrées vivrières sont le manioc, l’arachide, le haricot, le taro, la patate douce, la banane plantain et le riz paddy.

En tête du vivrier arrive le maïs, très consommé dans la partie sud de la RDC sous forme de bukari (sorte de semoule)

La gamme des légumes cultivés dans les jardins des ménages ou par des maraîchers dans les petits centres ruraux, est variée : chou, tomate, carotte, oignon, amarante, oseille, épinard, piment, aubergine, poivron, etc. L’éventail des fruits est également large : banane, ananas, mangue, corossol, orange, mandarine, citron, avocat, goyave et papaye. Les cultures de rente sont le palmier à huile, suivi de la canne à sucre, du café et du cacao.

Lire aussi : RDC. Haut-Lomami : mines, commerce, tourisme… Des secteurs sous-exploités. https://www.makanisi.org/rdc-haut-lomami-mines-commerce-tourisme-des-secteurs-sous-exploites/

Pêche fluviale et lacustre

Le Haut-Lomami est sillonné de cours d’eau, dont le Lomami et le Lualaba. Il compte également un grand nombre de lacs, de toutes dimensions, dont les plus importants sont le Kisale et l’Upemba. Situé dans le territoire de Bukama, le Kisale, long de 16 km et large de 19 km, est marécageux. Ses rives sud et sud-est font partie du parc national de l’Upemba, qui abrite également le lac éponyme, dont la superficie est plus grande que celle de Kisale.

Les ressources du fleuve et des lacs de la dépression de Kamalondo, dont le potentiel de pêche est estimé à 30 000 t/an, sont importantes mais sous-exploitées.

La pêche est surtout pratiquée dans les territoires de Malemba-Nkulu et de Bukama, qui sont traversés par le Lualaba (fleuve Congo) et abritent de nombreux lacs.

La pêche est surtout pratiquée dans les territoires de Malemba-Nkulu et de Bukama, qui sont traversés par le Lualaba (fleuve Congo) et abritent de nombreux lacs. Ses techniques sont rudimentaires. Une première transformation est réalisée sur place. Les principales espèces pêchées sont le tilapia, vendu sous forme salé, et les silures qui sont fumés. Les poissons sont expédiés vers Lubumbashi et les villes du Grand Kasaï.

Pêcheurs sur le Lualaba

La production halieutique a connu une baisse, liée au système de pêche qui utilise des filets de petites mailles ou prohibés, entraînant une surpêche, et au non-respect de la période de fermeture. Des actions ont été engagées pour permettre la reconstitution des ressources halieutiques. La pisciculture est encore très peu développée. Elle est surtout le fait de la ferme Leki House.

L’élevage bovin extensif

Doté de vastes pâturages, le Haut-Lomami est une grande région pastorale. L’élevage y est réalisé par deux catégories d’exploitations : traditionnelle et moderne. La plupart des petits agriculteurs font de la polyculture associée à un petit élevage de volailles, de chèvres ou de porcs et de quelques vaches, dont la viande et parfois le lait sont auto-consommés.

L’élevage moderne bovin est pratiqué sous forme de ranching sur de vastes étendues de pâturages naturels. Cet élevage de type extensif s’est développé à l’époque coloniale, avec la création de deux grands ranchs toujours en activité 

L’élevage moderne bovin est pratiqué sous forme de ranching sur de vastes étendues de pâturages naturels. Cet élevage extensif s’est développé à l’époque coloniale, avec la création, dans le territoire de Kamina, de deux grands ranchs toujours en activité : la compagnie Pastorale du Haut-Lomami (PHL) et les Grands Élevages de Katongola (Grelka), qui appartiennent à la société GoCongo (Forrest). Le cheptel est destiné à la production de viande.

Lire aussi : RDC. Haut-Lomami. Vétérinaire, la cheville ouvrière de l’élevage bovin. https://www.makanisi.org/rdc-haut-lomami-veterinaire-la-cheville-ouvriere-de-lelevage-bovin/

La concession de la PHL, dont le siège est à Kiabukwa dans le territoire de Kamina, à 18 km du chef-lieu de la province, couvre 212 000 hectares et son cheptel est composé de quelque 20 000 bovins. Située à Katongola, à 75 km au nord-ouest de la ville de Kamina, le ranch de Grelka s’étend sur 250 000 hectares à cheval sur les territoires de Kamina et de Kaniama. Son cheptel comprend 21 840 bêtes.

Cheptel bovin de la PHL broutant dans les pâturages naturels. @Urbain Makitu

Quelque éleveurs ont des cheptels moins importants. Une partie de la production de viande est consommée localement. Il existe un abattoir officiel à Kamina. L’abattage artisanal n’est pratiqué que sur autorisation. Les principaux marchés de consommation sont situés dans les provinces minières du Lualaba et du Haut-Katanga. Le transfert du bétail s’opère essentiellement à pied, les bovins étant abattus à destination. Auparavant, les deux clients les plus importants étaient la Gécamines, la compagnie minière publique, et la SNCC. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. D’autres acheteurs tendent à s’approvisionner en Afrique du Sud et en Zambie.

Les freins à l’essor de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche

L’essor de l’agriculture, de la pêche artisanale et de l’élevage est freiné par le mauvais état du réseau ferroviaire et surtout routier (routes et pistes agricoles), qui limite l’évacuation des produits, et par des problèmes logistiques (absence de grands entrepôts, notamment de chambres froides pour stocker les denrées vivrières, les poissons et la viande, manque d’abattoirs, etc.). Les ports de pêche sont quasiment inexistants. Le manque d’intrants, de semences améliorées et d’engins de pêche plus performants sont d’autres contraintes. D’où la nécessité d’améliorer et de renforcer en priorité le réseau routier et les infrastructures portuaires pour la pêche. « Le désenclavement de la province permettra d’augmenter les superficies arables et la production agricole », insiste le gouverneur par intérim Kabamba Ilunga Wa Natale.

Plantée en zone de savane, la palmeraie de la ferme LEKI House s’étale sur quelque 700 ha. @Marcel Lenge

Encadré : La ferme agro-pastorale LEKI House

C’est dans la polyculture, associée à l’élevage et à la pisciculture, qu’a investi Marcel Lenge, dont la ferme LEKI House est située dans la chefferie Kasongo Wa Nyembo (territoire de Kamina), à 40 kilomètres, au sud de la ville de Kamina. Cette ferme agro-pastorale a plusieurs activités. Tous ses produits sont issus de l’agriculture biologique.

La ferme compte une palmeraie qui s’étend sur quelque 700 hectares, dont les palmiers sont en production. Plantée en zone de savane, pour ne pas abattre la forêt environnante, la palmeraie est établie près des cours d’eau et dans les bas-fonds humides. L’huile de palme brute produite est écoulée sur le marché de Kolwezi. L’objectif est de porter la surface plantée à 1 000 ha et de faire de l’huile de table. La production d’huile palmiste a permis d’expérimenter la fabrication de savon, qui n’est pas encore commercialisé.

Des productions vivrières (maïs, manioc et riz paddy), maraichères et fruitières complètent les activités agricoles de l’exploitation. Les produits vivriers dont certains sont transformés (farine de maïs et de manioc) alimentent les marchés de Kamina et de Likasi.

L’exploitation agricole fait également de l’élevage bovin et de la pisciculture (espèces tilapia et clarias). Elle a ouvert une boucherie à Kamina et une autre à Likasi pour commercialiser la viande provenant de son troupeau.

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