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vendredi 26 avril 2024
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RDC. Nancy Onia, une joueuse de tennis qui rêve grand

À 28 ans, la Congolaise Nancy Onia, sourire aux lèvres, bras tatoués, chevelure abondante, allure décontractée et expansive sur ses ambitions sportives, rêve de porter haut lʼétendard du tennis de la RD Congo.

« Je tiens à hisser haut le drapeau congolais lors dʼun tournoi majeur », indique cette jeune femme, qui consacre six heures de son temps quotidien au tennis, du lundi au vendredi. Défi extrêmement difficile à relever dans un pays où cette discipline sportive est peu pratiquée, impopulaire et loin de susciter autant dʼengouement que le football.

Si le tennis, autrefois considéré comme un sport de riches, sʼest démocratisé sous dʼautres cieux, à lʼinverse, il tarde à se défaire de lʼétiquette « sport bourgeois » qui lui colle à la peau en République démocratique du Congo, un pays qui ne vibre véritablement que pour le football. Parent pauvre de la politique sportive de la RD Congo, sa cause nʼest pas défendue dans les hautes sphères du pouvoir et au sein de la population.

Sa pratique régulière relève d’autant plus du parcours du combattant, que ce sport, individuel par excellence, requiert un minimum de dépenses. « Il faut des équipements adaptés, un suivi médical adéquat, une hygiène diététique », relève Nancy Onia, avec une pointe de lucidité. Comment peut-on, avec de faibles moyens, exprimer pleinement son talent dans un environnement où les sponsors sont aussi rares que la pluie en saison sèche ? « Les joueurs et les joueuses sont presque tous logés à la même enseigne. Nous continuons de jouer et de progresser, malgré les difficultés. Il arrive toutefois que nous tombions sur des âmes charitables qui peuvent nous offrir des tenues, des raquettes, des baskets appropriés et des balles », souligne-t-elle.

Passionnée de basket

Rien ne prédestinait cette native de Likasi (province du Haut-Katanga), plutôt passionnée de basket-ball, à une vie de joueuse de tennis. Le hasard a dû peser de tout son poids pour faire basculer le destin de celle qui ambitionne de marquer de son empreinte sa participation aux tournois prestigieux qui rythment la saison du tennis de haut niveau.

Elle se souvient du jour où tout a commencé. Pour sʼamuser, Nancy Onia sʼessaie au tennis, alors quʼelle se rend à lʼécole, après une halte au club où son père, un ex-avocat de la Gécamines, célèbre société minière congolaise, sʼexerce avec sa raquette.
 « Jʼétais en uniforme. Le coach de mon père mʼa lancé quelques balles. Trouvant que jʼassurais les échanges avec un certain brio, il a demandé à mon père si jʼavais lʼhabitude de jouer au tennis. Papa lui a répondu que cʼétait mon premier contact avec une raquette et que jʼavais un penchant pour le basket. Le coach a trouvé que jʼavais quelque chose quʼil pouvait exploiter pour que je devienne une vraie joueuse de tennis. Papa a accepté de payer mon abonnement au club. Cʼest ainsi que je me suis mise à ce sport », explique-t-elle.

Son désir dʼopter pour le tennis, au détriment du basket, étonne tout de même son entourage. Des questions saugrenues fusent et des moqueries alimentent cette incompréhension générale.  Après une formation de quatre ans dans une académie de lʼuniversité de Pretoria, en Afrique du Sud, où elle obtient une licence professionnelle en « sports science », elle revient en RDCongo où elle ne sʼentraîne quʼavec des hommes, car aucune fille nʼest permanente à son club.

Objectif : le top 100

Deux tournois sont organisés chaque année à Kinshasa. La Fédération est chargée de lʼorganisation du championnat à lʼéchelle nationale. Ces compétitions représentent des occasions de détecter des talents et, au besoin, de les encadrer.

Malgré tout, Nancy Onia réussit à faire taire les critiques. Elle gagne des matches et voyage de temps en temps sous les couleurs de lʼéquipe nationale. La Tunisie (Tabarka), lʼAfrique du Sud, le Nigeria, le Mozambique, le Botswana, etc. accueillent des compétitions qui permettent au public dʼadmirer les volées de cette tennis-woman qui ne fait pas mystère de ses ambitions.

Nancy enchaîne les tournois et accumule les points après quelques performances de bonne facture, pour tenter de grimper dans le classement mondial. Celle qui se situe au-delà de la 1500è place du classement mondial ATP (Association of Tennis Professionals), mis à jour au fil des compétitions, se rêve dans le top 100. Pari fou ? « A moyen terme, je vise le top 100 et une participation remarquée à au moins deux tournois du Grand Chelem. Je sais que cela nʼest pas facile, mais je mʼy emploie », souligne-t-elle.

Rêve inaccessible ? Non ! Il suffit de gagner régulièrement pour monter dans cet indicateur qui ne dit pas tout de la valeur intrinsèque des sportifs concernés.

Serena Williams, une inspiration

A-t-elle un modèle ? « Serena Williams mʼinspire beaucoup, avoue-t-elle. Je lʼadmire pour ce quʼelle est et ce quʼelle fait avec beaucoup de cœur. En tant que joueuse, elle est puissante et constante. »

La cadette des sœurs Williams est une légende vivante qui a écrit de belles pages de lʼhistoire de ce sport quʼelle pratique depuis lʼenfance, sous le regard dʼun père aux méthodes parfois décriées. A 38 ans, Serena Williams, qui a survolé nombre de tournois majeurs par sa puissance et sa détermination à tout rompre, est déjà entrée dans lʼhistoire par la grande porte, après avoir remporté 39 titres du Grand Chelem en simple et en double. Elle est considérée comme lʼune des plus grandes joueuses de tous les temps. Nancy Onia, qui a 10 ans de moins que son idole, a encore de beaux jours devant elle, pour tenter dʼexprimer pleinement son potentiel et dʼassocier éventuellement son nom à quelques hauts faits du tennis congolais.

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