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vendredi 29 mars 2024
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Congo. « Le forum Lisanga est une des réponses à la crise économique »

Organisée par  la Chambre de Commerce, d’industrie, d’agriculture et des métiers (CCIAM) de Pointe-Noire, la deuxième édition de Lisanga (rassemblement en langue lingala) se tiendra les 23 et 24 septembre 2019 à Pointe-Noire. Elle sera couplée avec un forum sur l’entreprenariat organisé par la CCIAM et une rencontre entre l’Union européenne et le secteur privé congolais.

Tenue en 2017, la première édition avait enregistré la présence d’une soixantaine d’entreprises africaines dont 40 congolaises et de 25 sociétés européennes ainsi que la tenue de 924 rencontres B-to-B. Didier Mavouenzéla, président de la CCIAM de Pointe-Noire, nous présente l’enjeu et les grandes lignes de cette deuxième édition, qui mobilise déjà de nombreux acteurs, privés et institutionnels, tant congolais qu’étrangers.

Propos recueillis à Pointe-Noire par Muriel DEVEY MALU-MALU

Makanisi : Vous organisez la deuxième édition de Lisanga conformément au timing prévu. En 2017, le Congo n’était pas encore trop affecté par la crise, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Pourquoi, malgré ce contexte difficile, maintenez-vous cette édition ?

Didier Mavouenzéla : nous avons maintenu cette deuxième édition car elle est pour nous une des réponses  à la crise économique, comme en témoigne le choix des secteurs de relance que nous avons retenus. Le premier est l’agro-alimentaire où nous avons des marges de manœuvre à élargir. Notre ambition est de faire de l’import-substitution, le Congo consacrant trop d’argent à importer des produits agro-alimentaires. Il faut donc favoriser ce secteur,  qui est générateur d’emploi. Le Congo et l’Afrique ne se développeront que si l’on industrialise nos modes de vie. L’agro-alimentaire fait partie de notre mode de vie et de notre culture. C’est un secteur dans lequel on est difficilement mis en concurrence. Malgré la crise, les gens sont obligés de consommer.

Quels sont les autres secteurs de relance que vous avez retenus pour cette édition ?

DM : Nous visons l’industrie, notamment la sous-traitance, où  il y  a des points de croissance à gagner. Premièrement sur le contenu local. Le code des hydrocarbures prévoit l’achat de 25 % de services et de produits localement. Or actuellement, ce taux n’est que de 10 %. Il y a donc 15 % à récupérer. On ne les atteint pas car les capacités techniques et financières des entreprises congolaises sont insuffisantes. Lisanga apportera  une réponse à ce problème, en mettant en contact des entreprises congolaises avec des entreprises du Nord dont l’expertise peut faire évoluer notre secteur privé. Nous avons également des marges de manœuvre du côté des entreprises qui travaillent sous le régime de l’autorisation temporaire d’exercice. Il faut faire en sorte que ce qui est réalisé à l’étranger le soit désormais au Congo par des entreprises privées  quelle que soit leur nationalité. Le troisième secteur est le numérique. Toutes les études démontrent que l’utilisation du numérique par les entreprises apporte 2 % à 3 % de croissance supplémentaire. Il faut donc amener les entreprises à davantage utiliser le numérique dans leurs activités. Le forum Lisanga est couplé cette année avec celui de l’entreprenariat au cours duquel nous allons présenter un système d’information que nous avons mis au point pour que les PME intègrent les outils numériques. Lisanga est notre contribution à la résolution de la crise.

Ces trois domaines vont-ils faire l’objet de débats lors du forum ? Et quels types d’exposants ciblez-vous ?

DM : Les thèmes choisis ne feront pas spécialement l’objet de débats. Nous souhaitons que  le maximum de temps soit consacré aux rencontres entre chefs d’entreprise pour qu’ils apprennent à se connaître et qu’ils concluent des partenariats à la fin du forum. Après une présentation générale de l’environnement congolais, l’essentiel de la rencontre sera consacré aux rencontres B-to-B. S’agissant des exposants, nous voulons présenter des initiatives privées congolaises et des projets mis en place pour favoriser le développement des PME. Ce qui permettra aux acteurs congolais de savoir ce que font les uns et les autres et quels sont les programmes qui les concernent.

Lisanga 2 favorisera donc des discussions entre Congolais et entre Congolais et étrangers. Quel est le profil des entreprises étrangères recherché ?

DM : Nous souhaitons mettre en contact des entreprises congolaises et étrangères du même métier. Elles n’ont pas besoin d’interprètes car elles ont le même langage. Notre souci est de trouver ces entreprises. Côté congolais, nous sélectionnons des entreprises d’une certaine taille et en mesure de discuter et de collaborer avec des privés étrangers. Notre équipe rencontre et sélectionne des sociétés qui s’enregistrent ensuite sur notre site internet.

Les partenaires institutionnels du Congo seront-ils présents  à l’événement ?

DM : Nous avons saisi le maximum de projets spécifiques mis en œuvre par des bailleurs, comme le Projet d’appui au développement de l’agriculture commerciale soutenu par la Banque mondiale. Ces structures seront présentes pour présenter leurs outils. Nous avons pris contact avec une grosse entreprise de la place qui a créé un incubateur. Nous avons reçu une organisation hollandaise missionnée par la Banque mondiale pour accompagner des entreprises agricoles. Elle  sera présente au forum. Lisanga 2 sera le rendez-vous de toutes les initiatives en faveur du secteur privé congolais.

Comment réagissent les institutions congolaises notamment celles impliquées  dans les secteurs visés ?

DM : Les ministères réagissent positivement. Ils comprennent la nécessité de ce type de forum qui a le soutien de l’Union européenne. Pendant Lisanga, se tiendra d’ailleurs un événement organisé par l’Union européenne.

Quel en sera l’objet ?

DM : L’Union européenne veut s’entretenir avec le secteur privé congolais et l’écouter, pour adapter les programmes à ses  besoins.

Quand vous avez commencé à communiquer sur Lisanga 2, le Congo était en négociation avec le Fonds monétaire international.  Comment réagissaient vos interlocuteurs ?

DM : J’ai animé plusieurs réunions d’information sur Lisanga qui ont attiré beaucoup d’hommes d’affaires, malgré le contexte. À une réunion tenue en Belgique, un grand nombre d’hommes d’affaires belges étaient présents dont nous accueillerons une mission  dix jours après Lisanga. Aujourd’hui le Congo est encore une destination que les entreprises étrangères veulent fréquenter. Mais il faut créer les conditions pour que l’espoir qu’elles placent dans notre pays ne soit pas déçu. Nous devons travailler avec les pouvoirs publics à l’amélioration de l’environnement des affaires.

Comment se déroulera concrètement l’événement ?

DM : Lisanga se déroulera les 23 et 24 septembre, mais nous avons prévu de recevoir les entreprises à partir du 20 septembre. Le 21 septembre seront organisées des visites d’entreprises et le 22 septembre sera consacré à des excursions dans les environs de Pointe-Noire, où il y a des sites touristiques, dont certains sont des lieux de mémoire de la traite négrière comme Loango, port d’embarquement des esclaves ou la piste des caravanes. Ce sera également l’occasion de présenter aux étrangers les opportunités d’investissement dans le secteur touristique.

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