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lundi 4 décembre 2023
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Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique : recul de la démocratie

L’édition 2022 de l’Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique (IIAG) a été publiée le 25 janvier 2023. Cet outil de mesure de la qualité de la gouvernance d’un pays donné a été mis au point par la fondation Mo Ibrahim. La nouvelle édition, dont les données portent sur l’année 2021, a une particularité : elle présente les tendances observées en matière de gouvernance entre 2012 et 2021. Cette approche permet d’évaluer, sur une période de dix ans, les changements à tous les niveaux de gouvernance.

L’Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique (IIAG) est un outil de mesure et de suivi des performances en matière de gouvernance dans les pays africains. Selon la Fondation Mo Ibrahim, la gouvernance est définie comme « l’accès à des biens et à des services publics dans les domaines politique, social et économique auxquels chaque citoyen peut légitimement prétendre auprès de l’État et que tout État est tenu d’offrir à ses citoyens ».

4 composantes clés et 81 indicateurs

Dans le cadre de l’IIAG, les performances d’un pays en matière de gouvernance sont mesurées sur quatre composantes clés qui constituent des indicateurs des performances en matière de gouvernance globale. Ces composantes sont les suivantes : Sécurité et État de droit,  Participation et Droits Humains, Développement économique durable et Développement humain. Chacune de ces catégories se décline en sous-catégories, regroupant au total 81 indicateurs, provenant de 47 sources indépendantes, qui fournissent des mesures quantifiables des dimensions fondamentales de la gouvernance.  

L’IIAG mesure les résultats et les conséquences d’une politique, plutôt qu’il n’évalue les déclarations d’intention, les dispositions légales et les niveaux de dépenses.  Les citoyens étant les bénéficiaires du leadership public et de la gouvernance, l’évaluation de la performance de la gouvernance ne peut pas reposer uniquement sur des données d’évaluation officielles et d’experts, précise le rapport.  

Le Top 10 du classement

Sur les 54 pays africains, 35 progressent, alors que 19 reculent en matière de bonne gouvernance, selon l’indice Mo Ibrahim. Dans le TP 10 du classement arrivent l’île Maurice, suivie des Seychelles, de la Tunisie, du Cap-Vert, du Botswana, l’Afrique du Sud, le Ghana, la Namibie, le Sénégal et le Maroc. En bas du classement, se trouvent la Libye, le Congo, le Tchad, le Soudan, la RDCongo, la République centrafricaine, la Guinée équatoriale, l’Érythrée, la Somalie et le Sud Soudan.

Recul de la démocratie

Toutefois, ces approches globales doivent être nuancées et les reculs observés au cours des 10 dernières années, tant au niveau des scores globaux que de certaines composantes, sont à expliciter. En effet, bien que le niveau de gouvernance globale de l’Afrique ait augmenté de 1,1 point au cours de la décennie 2012- 2021, il stagne depuis 2019 et la majeure partie du continent est moins sûre et moins démocratique en 2021 qu’elle ne l’était en 2012. En outre, « On observe une régression préoccupante dans les catégories Sécurité et État de droit et Participation, droits et inclusion, et cette tendance s’accélère depuis 2017 », souligne le rapport. Si 35 pays ont vu leur score s’améliorer au cours de la décennie, seulement 15 d’entre eux ont réussi à accélérer leurs progrès au cours des cinq dernières années de la période (2017-2021). Par ailleurs, le score de 22 pays a chuté.

La catégorie Participation, droits et inclusion reste celle dont le score est le plus faible de tout l’IIAG et le rythme auquel elle régresse a doublé depuis 2017. Plus de 60 % de la population du continent vit dans un pays où cette catégorie a régressé au cours des dix dernières années, et plus d’un tiers vit dans un pays où ce repli s’est accéléré depuis 2017.

Pour télécharger le rapport, cliquer sur le lien suivant : https://iiag.online/fr/downloads.html

Les facteurs endogènes et exogènes

Plusieurs facteurs, endogènes et exogènes, concourent à cette situation. En premier, viennent « les huit coups d’État réussis entre 2019 et 2022 », les conflits armés et les régimes autoritaires. Selon l’IIAG, près de 70% de la population africaine est confrontée à l’insécurité depuis 2012, laquelle s’est renforcée depuis la fin de la décennie 2010.  Or quand la situation se dégrade en matière de sécurité et d’État de droit, la gouvernance décline également.  

Conjugués à des facteurs exogènes tels que le changement climatique, le Covid-19,  qui « a accentué ces tendances préoccupantes » et la guerre en Ukraine dont les effets indirects touchent durement des pays africains, l’ensemble de ces facteurs internes et externes explique à la fois le recul démocratique et la dégradation des conditions de vie des populations.

Des progrès à souligner…

Néanmoins, tout n’est pas négatif. Certaines tendances sont porteuses d’espoir. Selon le rapport 2022 de la fondation Mo-Ibrahim, presque tous les pays africains ont progressé en matière d’accès à la santé et à l’éducation. Le Développement humain est la catégorie dans laquelle le continent a enregistré le plus d’avancées. Quatre de ses sous-catégories figurent parmi les six qui ont le plus progressé depuis 2012 : Santé (3è), Environnement durable (4e), Éducation (5e) et Protection sociale et services sociaux (6e) En 2021, plus de 90 % de la population africaine vivait dans un pays où le niveau de développement humain était supérieur à celui de 2012.

À noter que la sous-catégorie Environnement durable a gagné 3,5 points en 10 ans grâce aux progrès de tous ses indicateurs (Qualité de l’air, Respect de la politique environnementale, Protection de la biodiversité terrestre et aquatique, Utilisation durable des terres et des forêts et Protection de l’environnement).

Des progrès sont aussi à souligner dans la catégorie « Fondements des opportunités économiques » avec un score de 48,3 sur 100, soit une amélioration de 3 %. Quelque 88 pays (88 % de la population du continent) ont amélioré leurs résultats dans cette catégorie, dont 28 (52,3 % de la population du continent) ont réussi à accélérer leurs progrès depuis 2017.

… Mais aussi des défis

La plupart des pays africains restent confrontés à des défis considérables dans les domaines de l’emploi, de l’énergie et des infrastructures de transport. Indispensables pour l’intégration régionale sur le continent, les réseaux de transport ont légèrement régressé depuis 2012. Un recul lié à la détérioration des infrastructures routières et aériennes, qui a été en partie compensée par l’amélioration des infrastructures ferroviaires.

L’accès à l’énergie est un autre défi. Si l’indicateur Accès à l’énergie a connu une belle amélioration (+ 7,0) au cours de la décennie, le point de départ était très bas. Quelque 600 millions d’Africains n’ont toujours pas accès à l’électricité et plus de 950 millions ne disposent toujours pas de combustibles propres pour cuisiner.

Enfin, « le manque de données demeure un sujet de préoccupation. Les données sur la santé, l’environnement et les zones rurales sont particulièrement lacunaires, alors même que ces domaines sont d’une importance fondamentale dans la lutte contre les changements climatiques, les pandémies et l’insécurité alimentaire. En l’absence de données fiables et complètes, les gouvernements naviguent à l’aveugle et ne peuvent ni améliorer durablement la qualité de la gouvernance ni élaborer des politiques efficaces », insiste le rapport.

Classement IIAG 2022 des 7 pays de la zone d’étude de Makanisi

Pays / Rang en Afrique
2021
ScoreÉvolution
2012-2021
Gabon27ème48,4+2,1
Cameroun36ème43,2– 0,7
Angola40ème41,5+5,4
Congo46ème31,1-1,8
RDCongo49ème32,7– 0,7
Centrafrique50ème30,6– 2
Guinée équatoriale51ème27,3+1,2
Source : Fondation Mo Ibrahim. IIAG 2022

Évolution des 4 composantes entre 2012 et 2021

Pays / CatégoriesSécurité et État de droitParticipation, droits & inclusionFondements d’opportunités économiques Développement humain
Gabon-1,0+3,0+2,7+3,8
Cameroun-8,2-2,1+2,1+5,2
Angola+6,8+3,1+9,7+2,1
Congo– 4,2– 2,5+0,5-1,2
RDCongo-3,8-1,7+0,0+2,7
Centrafrique-3,4-8.0+3,6-0,5
Guinée équatoriale+1,4-0,9+4,9-0,2
Source : Fondation Mo Ibrahim. IIAG 2022

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