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mercredi 24 avril 2024
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Première édition du salon du livre africain de Paris : un franc succès

La première édition du salon du livre africain de Paris s’est tenue, du 24 au 26 septembre 2021, dans le prestigieux bâtiment de la mairie du 6è arrondissement, sise rue Bonaparte. Organisée, sous l’égide de Jean-Louis Lecoq, maire du 6è arrondissement, par Erick Monjour, un Français passionné d’Afrique, son ambition est de représenter toutes les littératures africaines et tous les livres qui parlent d’Afrique. Le salon pourrait devenir une biennale.

Une forte affluence, un public varié mais à dominante africaine, une bonne vingtaine de maisons d’édition, quelques deux cents auteurs, des tables rondes thématiques, des séances de dédicaces… Le premier salon du livre africain a été un franc succès.

Erick Monjour, l’organisateur

Ce salon se démarque des événements du même genre puisqu’il est consacré exclusivement au livre africain, comme l’explique Erick Monjour, son organisateur : « L’idée de ce salon est venue du fait qu’il n’existait pas de salon du livre africain à Paris et que la littérature africaine prend de plus en plus d’importance et se développe. Il était donc important de pouvoir donner aux éditeurs et aux auteurs l’opportunité d’avoir un endroit un peu prestigieux sur Paris pour présenter leur travail ».

« L’idée de ce salon est venue du fait qu’il n’existait pas de salon du livre africain à Paris et que la littérature africaine prend de plus en plus d’importance et se développe »

Deux facteurs ont amené Monjour à organiser ce salon : « Je suis né à Madagascar. J’ai vécu très longtemps au Sénégal et en Mauritanie et j’ai circulé dans plusieurs pays d’Afrique. Je continue à travailler à Madagascar sur une autre activité. Par ailleurs, je m’occupe depuis sept ans d’un salon du livre russe dont l’expérience m’a permis de mettre en place celui-ci », confie-t-il.

Les sponsors

Outre l’appui de la mairie du VIème arrondissement et de la mairie de Paris, le salon a bénéficié de plusieurs financements, dont celui de la fondation suisse Jan Michalski pour l’écriture et la littérature, son sponsor le plus important,  de la Société Française des Intérêts des Auteurs de l’écrit (Sofia) et de quelques privés. « Le budget n’est pas très élevé, car lorsqu’il s’agit d’un premier salon, il y a toujours des hésitations au départ. Mais la fréquentation est un succès et auteurs, éditeurs et public ont été satisfaits. L’objectif est de faire une deuxième édition, d’ici deux ans. Ce sera plutôt une biennale qu’un salon annuel », signale Monjour.

Les éditeurs d’Afrique centrale

Bien évidemment, le salon a accueilli « les éditeurs historiques de la littérature africaine à Paris mais également des petits éditeurs qui ont fait le déplacement pour présenter leurs livres ainsi que des maisons d’édition africaines venues spécialement à Paris pour l’événement ou représentées par des éditeurs français », souligne Monjour. Ainsi à côté des « grands »,  spécialisés sur l’Afrique comme Karthala, l’Harmattan ou Présence africaine, figurait une vaste palette d’éditeurs africains.

Ainsi à côté des « grands »,  spécialisés sur l’Afrique comme Karthala, l’Harmattan ou Présence africaine, figurait une vaste palette d’éditeurs africains.

Vue du Salon. Au premier plan, les ouvrages des Éditions Plus

Parmi les maisons d’édition basées en Afrique centrale ou en France mais créées par des ressortissants de la sous-région, on peut citer les Éditions Plus, lancées en 2013 à Bordeaux par Maha Lee Cassy, d’origine congolaise, qui ont ouvert une antenne à Brazzaville (Congo), et s’installeront prochainement à Kinshasa, la capitale de la RDCongo.

On peut souligner aussi la présence de la Panafricaine-Revue de l’Innovation (PAARI), une maison d’édition associative (et un centre culturel) constituée d’abord à Brazzaville en 1990 par Mawa-Kiéssé Mawawa, puis établie en France ainsi que des Éditions Nzoi (abeille en langue lingala), créées en 2013 par Christian Gombo et basées à Kinshasa avec un bureau à Paris.

D’autres éditeurs d’Afrique centrale étaient présents dont les Éditions Akoma Mba, Tafam International Group (TIG) et Thanks du Cameroun, les Lettres mouchetées (Congo) et LisololoApp (RDC).

Les sujets « tendance »

Poésie, roman, essais, livres d’histoire, ouvrages scientifiques, bandes dessinées, livres pour enfants…Tous les genres littéraires sont représentés. Certains éditeurs sont davantage focalisés sur les romans et la poésie. D’autres sont plus diversifiés.

Poésie, roman, essais, livres d’histoire, ouvrages scientifiques, bandes dessinées, livres pour enfants…Tous les genres littéraires sont représentés.

L’éditeur Nzoi, pour sa part, dont l’objectif est de publier des livres bon marché et donc accessibles à un public assez large, édite principalement des romans, des essais, des témoignages et des textes historiques, comme ceux de Patrice Emery Lumumba. Une des originalités de cette maison d’édition, dont l’équipe est composée de bénévoles, tient au fait qu’elle publie en français mais aussi dans les langues de la RDC. Exemples du Petit Prince de Saint Exupéry traduit en tshiluba ou du roman  « Pensée faux bore », de Joël Makengo, écrit en lingala… de Kinshasa.

Pour Mawawa, le directeur de PAARI, qui se prévaut de la parution de plus de 200 ouvrages depuis sa création, les thèmes dominants de ses publications sont des essais, des ouvrages historiques et scientifiques. « Aujourd’hui, la tendance est au retour aux sources et à la tradition. Les auteurs proposent des ouvrages sur l’histoire, sur les cultures et les traditions locales. Il y a aussi des romans historiques et des essais sur des technologies actuelles comme l’Intelligence artificielle », informe l’éditeur.

Une des originalités de la maison d’édition Nzoi, dont l’équipe est composée de bénévoles, tient au fait qu’elle publie en français mais aussi dans les langues de la RDC.

Des manuscrits parfois à retravailler

Problème d’écriture,  de style, faiblesse dans la scénographie, incohérence dans la dramaturgie, manque de traits de caractère des personnages principaux ou pléthore de personnages… Comme tous les éditeurs du monde, ceux d’Afrique notent les mêmes faiblesses dans les manuscrits, en particulier dans les romans, qui leur parviennent. « L’écriture, la stylistique, la façon de faire vibrer le verbe, d’agencer les mots et les images, de raconter l’intrigue,  c’est important. C’est cela que nous exigeons et qui manque parfois », martèle Cassy. PAARI, pour sa part, invite ses auteurs à recourir à des relecteurs pour les corrections, l’écriture étant souvent la faiblesse des manuscrits.

Présentation d’ouvrages publiés par la maison d’édition PAARI

Toutefois, « malgré des problèmes d’écriture, les thèmes traités sont intéressants et il y a de la créativité. Ça bouge en ce moment à Kinshasa. Mais il y a encore beaucoup à faire. Grâce à notre propre réseau, nos livres circulent au pays. Nous illustrons les couvertures avec des œuvres d’artistes congolais », souligne Nicolas Pinet, représentant du bureau parisien de Nzoi en France.

« Malgré des problèmes d’écriture, les thèmes traités sont intéressants et il y a de la créativité. Ça bouge en ce moment à Kinshasa. Mais il y a encore beaucoup à faire »

Des auteurs à temps partiel

Le salon a enregistré la présence de nombreux auteurs « venus en dédicace avec leur éditeur ou seuls avec leur livre pour les présenter au public », signale Monjour. Parmi eux, des plumes connues d’Afrique centrale, comme Blaise Ndala (cf.  notre article sur son roman « Le ventre du Congo ». Voir le lien  https://www.makanisi.org/dans-le-ventre-du-congo-la-profession-de-foi-pour-lhistoire-de-blaise-ndala/), Marien Fauney Ngombé (« Tant que l’Équateur passera par Penda ») ou Henri Djombo, ancien ministre congolais dont le dernier roman « Le miraculé du vol 352 » vient de paraître aux éditions Langlois Cécile. Et bien d’autres.

Beaucoup d’auteurs ont en commun le fait qu’ils ne sont pas écrivains à temps plein, mais exercent un autre métier qui les fait vivre.  En outre, une grande partie d’entre eux n’a pas fait d’études littéraires. Seuls un penchant pour l’écriture et les questions culturelles ainsi que le besoin de raconter une histoire, d’analyser des faits historiques ou de société ou de témoigner les a poussés à écrire.

Beaucoup d’auteurs ont en commun le fait qu’ils ne sont pas écrivains à temps plein, mais exercent un autre métier qui les fait vivre. 

Côté éditeurs, pas d’exclusivité dans l’origine des auteurs, même si, selon le lieu d’implantation de la maison d’édition, des nationalités seront plus représentées que d’autres dans les catalogues. Toutefois, les auteurs africains, qu’ils vivent en Afrique ou non, sont privilégiés car « il y a assez de maisons d’édition en France qui peuvent publier tout le monde », insiste Cassy. La majorité des auteurs de Nzoi sont, eux, des Congolais de la RDC.

Rencontre avec le public

Autant dire que la plupart de ces auteurs, romanciers, historiens ou essayistes, en particulier ceux qui présentaient leur premier ouvrage, ont été heureux d’avoir pu dédicacer leur œuvre et d’avoir été en contact avec d’autres auteurs ainsi que de leurs lecteurs ou futurs lecteurs. « Ce salon est merveilleux. On peut y retrouver des Africains de tous bords, échanger. Il y a de belles thématiques débattues et sur les tables. C’est intéressant de voir la communauté africaine rassemblée ici, qui a des choses à dire », se réjouit le Gabonais Wilfried Styphen Barro, auteur du policier « Rwanda, meurtre sous silence », son premier roman publié aux éditions Le Lys Bleu.  

Même avis de l’auteur camerounais Bachir Dandjouma, dont le premier roman « Les Nuages de la colère » a été publié début 2021 par la plateforme Librinova : « J’aime rencontrer les lecteurs, échanger avec eux et leur transmettre ce que j’ai écrit. C’est ce qui est le plus passionnant. Rester dans l’ombre et me contenter de vendre un livre n’est pas ce que je recherche ». Les éditions Paari, pour leur part, font la promotion de leurs auteurs via leur site, les cafés littéraires. Quel que soit l’éditeur, tous les ouvrages sont généralement accessibles sur les plateformes de distribution, les sites web des maisons d’édition et en librairie.

Une autre particularité de ce salon tient aux différents canaux de communication qui ont annoncé sa tenue : le site du salon, le bouche à oreille, mais aussi les réseaux sociaux.

De tweet en retweet

Une autre particularité de ce salon tient aux différents canaux de communication qui ont annoncé sa tenue : le site du salon, le bouche à oreille, mais aussi les réseaux sociaux. Ainsi, de tweet en retweet, de message Facebook en message Facebook, auteurs et publics ont été informés de l’existence du salon. Tel est le cas de Wilfried Styphen Barro : « J’ai eu connaissance de l’événement via les réseaux sociaux. Je me suis renseigné, j’ai écrit à l’organisateur du salon, on m’a contacté et j’ai été invité ».

Séances de dédicaces : ici les auteurs Wilfried Styphen Barro et Bachir Dandjouma

Être publié

S’ils regrettent qu’il n’y ait pas plus de maisons d’édition africaines, les auteurs n’ont pas d’exclusive. Être publié par un éditeur français ou africain, peu importe, l’important est la qualité du manuscrit. D’ailleurs certains ne verraient pas d’inconvénient à être publiés par une jeune maison d’édition africaine même si elle n’est pas célèbre et reconnaissent que des éditeurs africains font du bon travail. Reste les problèmes de diffusion, même si « avec Internet, l’isolement n’est pas aussi important qu’autrefois. On peut atteindre plus facilement les gens », indique Styphen Barro.

À quand la tenue d’un grand salon du livre africain dans une capitale africaine francophone, en synergie avec celui de Paris ?

Paris, via la mairie de son 6è arrondissement, s’est illustré dans cette première édition. À quand la tenue d’un grand salon du livre africain dans une capitale africaine francophone, en synergie avec celui de Paris ?

Pour plus d’informations sur le salon du livre africain de Paris,

consulter son site web : https://www.salondulivreafricaindeparis.com

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