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lundi 29 avril 2024
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Congo. Ils entreprennent et réussissent. Portrait de Vivien Ngoma. 1/3

Ils sont ambitieux et tenaces, courageux et inventifs. Ils ont la quarantaine ou frisent la cinquantaine et, déjà, derrière eux, une belle expérience entrepreneuriale qui leur a permis de maîtriser les clefs du management, de s’aguerrir, d’aborder et de résoudre tout type de problèmes. En effet, loin d’être des fils ou des filles à papa, ces entrepreneurs, qui ont souvent démarré leurs activités avec leurs seules économies et la tête pleine d’idées, font preuve de résilience et d’inventivité, savent s’adapter aux circonstances et innover même dans les environnements les plus difficiles, quelle que soit la taille de leur entreprise. Makanisi présente le parcours de trois d’entre eux : une femme, Carmen Valélé Moukouri et deux hommes, Vivien Ngoma et Gilles Tchamba.

Place, dans ce premier article, au parcours de Vivien Ngoma, directeur de Phoenix.

Le contexte économique dans lequel évoluent ces entrepreneurs n’est pas des plus faciles. Aux difficultés générales, accrues avec la pandémie de Covid-19, que connaissent grandes et petites entreprises, au Congo et ailleurs, s’ajoute un climat des affaires pas toujours très favorable.

Le manque d’accompagnement

« Les banques ne nous accompagnent guère, voire pas du tout. Elles ne nous prêtent pas d’argent et n’accordent aucune confiance aux entreprises qui démarrent », confie Vivien Ngoma, La plupart de ces entreprises fonctionnent sur fonds propres et sollicitent souvent de leurs fournisseurs des délais de paiement et la possibilité de régler leurs factures en plusieurs fois. Certains fournisseurs accordent des encours à leurs clients fidèles. « Cela devient un modèle économique ». Envoyer des fonds à l’étranger ou faire des virements bancaires pour payer des prestataires extérieurs sont d’autres casse-têtes.

Les difficultés sont partout. Côté banques, mais aussi côté administration (douanes, impôts et autres).

Les difficultés sont partout. Côté banques, mais aussi côté administration (douanes, impôts et autres). Ainsi les formalités douanières sont chères et peu avantageuses même « pour une Très petite entreprise (TPE)  qui, normalement, peut bénéficier d’exemption de frais de douane, si l’on se réfère à la loi sur les startup », insiste Vivien. Et tout peut changer d’un moment à l’autre, avec une nouvelle loi de finances. Sans parler des tarifs routiers. Sur la RN1, entre Pointe-Noire et Brazzaville, il y a 12 péages à payer. De quoi renchérir les prix des marchandises et des services et diminuer les bénéfices.

Lire aussi : Congo : la diversification de l’économie tarde à devenir une réalité. https://www.makanisi.org/congo-la-diversification-de-leconomie-tarde-a-devenir-une-realite/

Vivien Ngoma, Petit Prince des nouvelles technologies

En 2008, le magazine Jeune Afrique l’avait surnommé « Petit prince des nouvelles technologies ». Quinze ans plus tard, s’il a pris de l’âge et acquis, de fait, plus d’expérience, il n’a pas démérité de ce surnom. Il est resté curieux, inventif et ambitieux.

En 2007, la graine d’homme d’affaires qui germait en Vivien Ngoma depuis le début des années 2000, avait pris la forme de VRS Prestation, une entreprise spécialisée dans la fourniture d’internet par liaison satellite. Parmi ses clients, le Centre culturel français, rebaptisé depuis Institut français du Congo, l’Agence de régulation de l’aval pétrolier, les entreprises Magalloy, Zhengwei et China Jiangsu au Congo, ainsi que Marsavco et un Cybercafé à Kinshasa, la capitale de la RDC voisine.

En 2008, le magazine Jeune Afrique l’avait surnommé « Petit prince des nouvelles technologies ».

Lire aussi : Congo. Ils entreprennent… Gilles Tchamba, DG de L’Archer Capital. 2/3. https://www.makanisi.org/congo-ils-entreprennent-gilles-tchamba-dg-de-larcher-capital-2-3/

8 ans chez Ofis Yattoo

En 2011, Ngoma rejoint le groupe OFIS. Spécialisé dans les technologies digitales de l’information et de la communication, le groupe compte trois sociétés : OFIS S2I (systèmes d’information), OBT (bureautique, réseaux câblés, circuits électriques, etc.) et Yattoo (fournisseur d’accès internet, FAI). C’est à Yattoo que Vivien est engagé, à laquelle il cède les actifs clients de VRS Prestation. Il y restera environ 8 ans, assumant successivement les fonctions de responsable technique, de directeur des opérations techniques et de directeur des opérations. Ces nouvelles expériences seront l’occasion de mettre en pratique, une fois de plus, une règle essentielle pour Ngoma : se perfectionner. Il améliore ainsi ses compétences en management, en apprenant, notamment, à travailler en groupe et à gérer une équipe. Et maîtrise de nouvelles technologies comme Cisco, Wimax, la fibre optique et autres.

Création de Phoenix en pleine pandémie de Covid

En 2020, le Congo traverse, comme bien des pays, une période difficile liée à la pandémie de Covid-19, la crise sanitaire entraînant une crise économique et, donc, des réductions de personnels dans les entreprises. Après le premier confinement, Ngoma choisit de démissionner de Yattoo. Et malgré la crise qui sévit, il crée, à Brazzaville, une start-up, qu’il dénomme Phoenix. Tout un symbole. C’est ainsi que Petit prince renaît de ses cendres, mais avec de nouvelles cordes à son arc. C’est le fruit de ses expériences passées. « Ce que j’ai appris dans une entreprise m’a toujours servi pour une autre activité. », déclarait-il déjà en 2008.

Malgré la crise qui sévit, il crée, à Brazzaville, une start-up, qu’il dénomme Phoenix. Tout un symbole. C’est ainsi que Petit prince renaît de ses cendres, mais avec de nouvelles cordes à son arc.

Lire aussi : Congo. Ils entreprennent… Carmen Moukouri, directrice d’Eyano Services. 3/3  https://www.makanisi.org/congo-ils-entreprennent-carmen-moukouri-directrice-deyano-services-3-3/

Deux ans plus tard, Phoenix est devenue une TPE dotée de deux départements, chacun symbolisé par une couleur : le bleu pour Phoenix High Tech et le jaune pour Phoenix Services. Les bureaux et le showroom sont situés en centre-ville, à deux pas de l’hôtel Mickael.

Chaque département de Phoenix compte à sa tête un directeur commercial, chargé du développement de sa branche d’activité. Un comptable, un logisticien, en charge de la gestion des commandes, des fournisseurs, des stocks et des moyens généraux, ainsi que des assistantes complètent le personnel de l’entreprise. Les ingénieurs et les techniciens sont tous des consultants extérieurs. « Je forme moi-même mon personnel car le Congo manque de compétences techniques », déplore Vivien.

Multi-activités

Phoenix High Tech vend du matériel bureautique et informatique (ordinateurs, accessoires informatiques, imprimantes, etc.) et des articles de téléphonie mobile (smartphones, tablettes, etc.). Parmi les marques proposées figurent Dell, HP, Lenovo, Chuwi et quelques autres. Un marché concurrentiel, où évoluent plusieurs sociétés dont Burotop, Burotech, Regal Informatique, Supersonic… Pas de quoi décourager Ngoma. Au contraire. Car ce dernier ambitionne de faire de Phoenix High Tech un fleuron congolais dans son domaine.  « Avec High Tech, nous voulons redorer le blason congolais et nous aligner sur les grands de la place. Je souhaite qu’à travers nous, la compétence congolaise soit reconnue au même titre que celle des autres », martèle-t-il.

« Avec High Tech, nous voulons redorer le blason congolais et nous aligner sur les grands de la place. Je souhaite qu’à travers nous, la compétence congolaise soit reconnue au même titre que celle des autres  ».

Phoenix Services, pour sa part, propose des services de dématérialisation de process, de digitalisation, de gestion électronique de documents et de création de sites web, en partenariat avec l’agence Netclic, située en France.

Pour se rendre plus autonome, Ngoma a également créé en France, à Neauphle-le-Château, Phoenix Logistiques, une centrale d’achat. Des accords avec Air France et Africa Global Logistics (AGL), ex-Bolloré, permettent d’acheminer au Congo, par fret aérien, matériels et autres équipements dont son entreprise congolaise a besoin.

Plutôt des entreprises privées

Les clients de Phoenix sont plutôt des entreprises privées, comme Perenco, Congorep, la Congolaise de congélation, Faaki-Congo, la société forestière Mokabi (du groupe français Rougier), MAMB-Services, Canal Plus, les banques BGFI et LCB Bank, etc. Côté étatique, un seul client : la Commission nationale de transparence et de responsabilité dans la gestion des finances publiques.

Les perspectives ? D’abord consolider l’existant puis, à moyen terme, agrandir Phoenix High Tech, qui doit devenir une entreprise à part entière et un « géant congolais ». Une expansion dont Ngoma a commencé à peaufiner la stratégie. Pour donner plus de visibilité à ses activités et étoffer sa clientèle, il envisage ainsi d’installer le showroom à Brazza Mall, un centre commercial situé à Mpila, qui devrait être prochainement inauguré. Outre l’extension des activités existantes, Ngoma a d’autres projets. Mais on n’en saura pas plus pour le moment.

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