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jeudi 18 avril 2024
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Macron se prononce sur la guerre qui sévit dans l’est de la RDC

La tournée, au pas de charge, du président français en Afrique centrale, s’est achevée le dimanche 5 mars, par l’étape de Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo. C’était l’occasion, pour Emmanuel Macron, de s’exprimer sur la guerre qui sévit dans l’est de la RDC. Kinshasa reprochait au président français de ne pas condamner ouvertement le Rwanda, alors que ce pays soutient les rebelles du M23 qui sont aux prises avec l’armée congolaise. La France et la RDC, qui divergent sur certains points, semblent toutefois disposées à cheminer ensemble pour renforcer leurs relations dans plusieurs domaines.    

Pour la première fois, le président français, Emmanuel Macron, a foulé le sol du plus grand pays d’Afrique subsaharienne, le 4 mars dernier. Deux dossiers l’attendaient : l’un économique, l’autre politique. Si le volet économique de sa visite et les propositions de la France en la matière préoccupaient plus les milieux d’affaires et le gouvernement congolais, en revanche, de nombreux Congolais l’attendaient sur le volet politique et voulaient connaître sa position sur la guerre qui prévaut dans le Kivu (est), entre les troupes gouvernementales et le M23, un mouvement rebelle soutenu par le Rwanda. L’armée congolaise bénéficie du soutien logistique de la Monusco, la mission des Nations Unies en RDC. Kinshasa compte également sur la force régionale qui se déploie progressivement dans la zone, sous la bannière de l’EAC, la Communauté d’Afrique de l’Est, à laquelle il a officiellement adhéré en 2022.

De nombreux Congolais attendaient Macron sur le volet politique et voulaient connaître sa position sur la guerre qui prévaut dans le Kivu (est)

À (re)lire : RDC, quelle armée pour demain ? https://www.makanisi.org/rdc-quelle-armee-pour-demain/

Le volet politique de la visite

La condamnation par la France du rôle joué par le Rwanda auprès des rebelles du M23 a été tardive et la déclaration a été faite via la secrétaire d’État auprès de la ministre des Affaires étrangères, chargée du Développement, de la Francophonie et des Partenariats internationaux, Chrysoula Zacharopoulou. « La France condamne le soutien apporté par le Rwanda au M23 », avait alors affirmé la secrétaire d’État, en marge de sa visite en RDC, le 22 décembre 2022.

Emmanuel Macron, pour sa part, n’avait jamais ouvertement pointé du doigt Kigali pour son implication dans ce conflit meurtrier qui a causé des milliers de déplacés, alors que de nombreux rapports de l’ONU et d’autres organisations spécialisées épinglent Kigali sur ce dossier, en dépit des dénégations des dirigeants rwandais.

La page des relations tumultueuses que la France a longtemps entretenues avec le Rwanda de Paul Kagame semble avoir été définitivement tournée. Paris et Kigali coopèrent dans différents domaines.

Tout en condamnant les exactions du M23 dans l’est de la RDC et ses soutiens, Macron s’est bien gardé de nommer ouvertement le Rwanda.

Lors de la conférence de presse conjointe, organisée le 4 mars à Kinshasa, qui a parfois viré à une mini-passe d’armes entre Macron et son hôte congolais, le président français, connu pour son franc-parler, a pris soin, tout au long de son intervention, de ne pas froisser son homologue rwandais. Ainsi, tout en condamnant les exactions du M23 dans l’est de la RDC et ses soutiens, il s’est bien gardé de nommer ouvertement le Rwanda. « Aujourd’hui, le M23, dont le visage et les soutiens extérieurs et l’agenda sont bien connus », s’est-il contenté de déclarer dans un premier temps

À (re)lire : La RDC tente de séduire des investisseurs français. https://www.makanisi.org/la-rdc-tente-de-seduire-des-investisseurs-francais/

Le rôle du Rwanda, oui mais…

Il aura fallu qu’un journaliste lui demande fermement pourquoi, contrairement à « la secrétaire d’État française qui a ouvertement condamné au nom de la France le soutien apporté par le Rwanda au M23 », il n’arrivait pas « à nommer la question rwandaise », pour que Macron se décide enfin à dire : « J’ai été très clair sur la condamnation du M23 et de tous ceux qui le soutiennent, y compris le Rwanda. Donc je ne peux pas être plus clair ».

Il aura fallu qu’un journaliste lui demande fermement pourquoi … il n’arrivait pas « à nommer la question rwandaise », pour que Macron se décide enfin à dire : « J’ai été très clair sur la condamnation du M23 et de tous ceux qui le soutiennent, y compris le Rwanda ».

Tout en soulignant que « ce n’est pas une agression d’une puissance extérieure » et que les groupes armés qui sévissent dans cette région « sont soutenus par plusieurs puissances extérieures dans une logique de prédation ». La France, a-t-il rassuré, est un « soutien et un allié de la RDC contre à la fois ces pillages et cette volonté de balkanisation ».

Autant dire que cette conférence de presse a suscité diverses réactions en RDC, ailleurs en Afrique et en France. Le président français a-t-il convaincu les Congolais ? L’avenir le dira.

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